Les bombardiers français ont frappé lundi pour la première fois les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, alors que la France a commencé à enterrer ses morts, dix jours après les attentats.
La Belgique, qui redoute des attaques similaires à celles qui ont ensanglanté Paris, a reconduit pour mardi le degré d'alerte maximale à Bruxelles, et continue de traquer Salah Abdeslam, l'homme le plus recherché d'Europe.
Stations de métro, écoles, centres commerciaux, marchés, lieux de divertissement sont restés fermés lundi à Bruxelles. Le métro et les écoles rouvriront "progressivement" à partir de mercredi, a annoncé lundi soir le Premier ministre belge, Charles Michel.
La police belge a lancé dimanche un vaste coup de filet, sans mettre la main sur Abdeslam, qui pourrait être l'unique auteur direct des attentats du 13 novembre encore vivant. Une quatrième personne a été inculpée lundi en Belgique en lien direct avec les attentats parisiens.
Pour la première fois, des appareils basés sur le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle ont bombardé lundi l'EI, en Irak et en Syrie.
"Nous avons frappé à Ramadi et à Mossoul en appui au sol de forces locales qui étaient en progression contre des troupes de Daech (acronyme de l'EI en arabe)", a déclaré le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, à propos des bombardements en Irak.
Un peu plus tard, quatre Rafale partis du Charles de Gaulle et deux Mirage venant de Jordanie ont "détruit un site actif occupé par les combattants terroristes à Raqa", la "capitale" de l'EI en Syrie.
- "Le plus de dégâts possibles" -
Le président François Hollande avait prévenu dans la matinée que Paris allait "intensifier" ses frappes, pour faire "le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste".
En France, les obsèques de plusieurs victimes tombées le 13 novembre sous les balles des jihadistes ont été célébrées lundi dans plusieurs villes, comme à Blois, où plus d'un millier de personnes ont rendu hommage à Anna et Marion, deux s?urs tuées alors qu'elles dînaient au restaurant Le Petit Cambodge. D'autres ont eu lieu à Lyon, Nancy, Marmande, Saint-Nazaire.
Au total, 29 villes françaises ont été touchées par au moins un décès. Vingt-cinq des 130 morts sont de nationalité étrangère ou binationaux. Un hommage national aura lieu vendredi aux Invalides.
Depuis dix jours, des milliers de personnes manifestent dans toute la France contre le terrorisme. A Paris, ils sont encore nombreux à déposer bouquets, bougies, petits mots et photos sur les lieux des attentats et la place de la République.
La police française, elle, continue ses investigations pour identifier tous les kamikazes, déterminer les rôles, les complices et les commanditaires des tueries, qui ont aussi fait 350 blessés, dont 169 sont encore hospitalisés, et 34 en réanimation. Elle a diffusé dimanche un nouvel appel à témoins, pour identifier un des trois kamikazes du Stade de France.
Il avait été enregistré début octobre en Grèce, en même temps qu'un autre kamikaze du même commando, dont la photo a déjà été diffusée par la police mais qui reste non identifié. Tous deux, munis de passeports syriens manifestement falsifiés, auraient donc pris le chemin des réfugiés vers l'Europe.
- Ceinture d'explosifs -
Le troisième kamikaze du Stade de France et trois autres ayant actionné leurs ceintures piégées dans Paris ont eux été formellement identifiés.
Un objet pouvant "s'apparenter à une ceinture d'explosifs", avec une "configuration" semblable à celle utilisée par les jihadistes des attentats de Paris, a par ailleurs été retrouvé lundi en fin d'après-midi par des éboueurs dans une poubelle à Montrouge, dans la proche banlieue de Paris, a-t-on appris de sources policière et proche de l'enquête.
Elle ne "disposait pas de système de mise à feu", selon une source policière.
Salah Abdeslam avait été localisé, par la téléphonie, à proximité de Montrouge, à Châtillon le 13 novembre au soir après les attentats, selon une source proche de l'enquête.
Et le parquet a prolongé lundi pour une sixième journée la garde à vue de Jawad Bendaoud, qui avait fourni un logement à Saint-Denis à Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques, tué dans un assaut policier mercredi.
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