Du jamais vu. Les habitants de Bruxelles, capitale de la Belgique mais aussi de l'Europe, vivaient un lundi inédit, placé sous la menace terroriste, au son intermittent des sirènes de police et sous la surveillance étroite de militaires lourdement armés, mais bien décidés à ne pas céder à la peur.
Sur la Grand-Place, un blindé de la Défense nationale est stationné face à l'Hôtel de ville gothique. Des soldats en tenue de camouflage, armes automatiques au poing, quadrillent les artères commerçantes du centre-ville.
Les autorités, qui ont placé vendredi soir l'ensemble de la région bruxelloise en état d'alerte maximal vendredi soir, recommandent la plus grande prudence. Elles ont décidé la fermeture des écoles ce lundi et "jusqu'à nouvel ordre", une décision sans précédent.
Dans le centre historique de Bruxelles, l'activité n'était toutefois pas totalement à l'arrêt, a rapporté un photographe de l'AFP. Des camionnettes livraient la marchandise aux magasins, et des ouvriers installaient les petits chalets en bois aux alentours de la Bourse et de la Grand-Place pour le traditionnel marché de Noël, censé ouvrir vendredi.
Quelques cafés sont ouverts, où de rares clients s'efforcent de se réchauffer.
Mais à l'heure de la cloche, aucun cri d'enfants n'a retenti derrière les grilles fermées à clés de la petite école primaire de Haren, un quartier excentré de Bruxelles.
Une jeune mère, Tatiana, vérifie que l'accès à la cour de récréation est impossible, puis poursuit jusqu'à la crèche voisine, où un avis laconique confirme le caractère inédit de ce jour de rentrée, au lendemain d'une vaste opération policière dans plusieurs quartiers bruxellois.
"Suite à la décision du gouvernement, la crèche sera fermée ce lundi", indique l'avis écrit au feutre sur une feuille blanche.
"Je sais ce qui se passe, c'est triste", explique Tatiana. Son fils de huit ans, Oleg, était parti seul à l'école et est rapidement revenu, ayant trouvé portes closes. "Il va rester à la maison avec sa petite soeur Alissa, qui aurait dû aller à la crèche. C'est dommage, il aime beaucoup l'école. J'espère que c'est pour juste pour aujourd'hui, que demain ça sera calmé", explique la jeune mère de famille, avant de rebrousser chemin.
Dans le parc du Cinquantenaire, l'un des grands espaces verts de la capitale, proche du siège des institutions européennes, quelques familles se promènent avec leurs enfants, sous un froid soleil d'hiver, pendant que quelques touristes japonais prennent des photos.
- Fonctionnaires au travail -
La circulation était moins dense que d'habitude à l'heure de pointe dans le centre-ville, malgré les 366 km de bouchons cumulés relevés sur l'ensemble du réseau routier belge. "Il y a aussi pas mal de chantier, ce n'est pas très significatif par rapport à Bruxelles", explique le service de radio-guidage de la chaîne publique RTBF.
Aux arrêts de bus, dont la fréquence a été renforcée pour pallier l'absence de métro, les Bruxellois font le pied de grue patiemment. Les tramways fonctionnent en surface et les trains circulent normalement dans Bruxelles.
"C'est clair qu'on prend les mesures nécessaires pour garantir le plus que possible la sécurité des gens, mais la vie doit continuer à Bruxelles. Par exemple, le secteur public reste ouvert. Les fonctionnaires viennent travailler ce matin", a expliqué à la radio le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon.
Mais la plupart des infrastructures culturelles et sportives sont fermées.
Christophe, le gérant d'un fast-food, s'apprêtait à ouvrir comme d'habitude à 11H00. "J'espère faire un peu de chiffre d'affaires pour un peu rattraper les autres jours. Les bureaux sont quand même ouverts", ajoutait-il. Mais le restaurant pourrait fermer bien plus tôt que d'habitude, "à la tombée de la nuit", explique-t-il.
Michel et Patricia, un couple de retraités de la banlieue flamande de Bruxelles, s'est retrouvé face aux portes closes du grand magasin d'articles de sport où ils pensaient acheter une nouvelle veste pour l'hiver.
"Il faut se tenir sur ses gardes, mais la vie continue, sinon c'est la ruine du pays à ce train là", estime Patricia. "Mon petit fils de huit ans m'a dit: +On va prendre la maison et s'installer derrière l'Yser (fleuve à la frontière franco-belge), comme en 14-18. Là-bas, ils ne pourront rien nous faire+", raconte son mari.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.