La campagne officielle pour les régionales débute lundi, à deux semaines du premier tour, dont les enjeux locaux ont été balayés par l'urgence de renforcer la sécurité et la lutte contre le terrorisme après les attentats de Paris.
Un redémarrage en ordre dispersé, après une semaine quasiment sans meetings, et des stratégies divergentes pour rattraper le temps perdu. Etat d'urgence oblige, la sécurité autour des meetings et la crainte de nouveaux attentats pèseront sur la mobilisation des électeurs.
"Voter, c'est résister": l'argument est le même à gauche comme à droite. Mais l'onde de choc des attentats a modifié le rapport de forces, avec une gauche qui reprend espoir, une droite offensive et un Front national plus que jamais en tête dans les sondages.
Sur le fond, "la nationalisation du scrutin va être exacerbée, les thématiques locales ou régionales vont être mises sous le boisseau, ou vont apparaître en toute fin de campagne", analyse Frédéric Dabi, directeur-général adjoint de l'Ifop.
A gauche, le PS ne reprendra sa campagne que samedi, au lendemain de l'hommage national aux 130 morts. D'ici là, ni meetings, ni distributions de tracts.
Et surtout "nous ne polémiquerons pas", a juré le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Faire campagne, "ca voudrait dire se rediviser alors qu'on milite pour l'union nationale", a-t-il expliqué lundi matin.
Donné perdant dans une majorité de régions avant les attentats, le Parti socialiste mise sur la réaction énergique de François Hollande et du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme pour retrouver des couleurs.
"Faire campagne comme si de rien n'était me paraissait insupportable", a affirmé lundi Claude Bartolone, tête de liste PS en Ile-de-France. Invoquant une "situation exceptionnelle", Jean-Yves Le Drian a renoncé à toute campagne en Bretagne pour se consacrer entièrement à la Défense.
- Sursaut de participation possible -
Première indication: un sondage (Harris interactive) post-attentats place pour la première fois le PS devant la droite au plan national, avec 26% des intentions de vote contre 25% au premier tour, derrière le FN à 27%.
A droite, en revanche, l'unité nationale - avec un vote massif au Parlement pour la prolongation de l'état d'urgence - n'empêche pas Les Républicains de tirer à boulets rouges sur l'exécutif. Comme François Fillon, "en colère", qui vendredi a dénoncé "le résultat terrible" de la stratégie du gouvernement, accusé d'avoir refusé la coopération des services de renseignement syriens pour lutter contre les jihadistes.
Un redémarrage offensif pour le parti de Nicolas Sarkozy, pris en tenaille entre une gauche qui se requinque, avec un couple exécutif qui tient la barre, et le Front national, qui voit ses positions confortées.
La sécurité est devenue un argument clé de ses candidats. Valérie Pécresse, tête de liste en Ile-de-France, a proposé l'installation de portiques de surveillance dans les lycées - comme Laurent Wauquiez - ou les salles de spectacle.
En tête dans les sondages, avec 27% à 30% des intentions de vote au 1er tour, le FN semble pouvoir s'imposer dans une ou deux régions (PACA et Nord-Pas-de-Calais-Picardie). Et si Marine Le Pen retient plutôt ses coups, ses lieutenants cognent sans retenue sur l'exécutif.
Pour chaque camp, ces deux semaines de campagne sont essentielles pour mobiliser les électeurs. "Il peut y avoir un sursaut de participation. Que les gens se disent: dans un moment pareil, ce n'est pas très digne de ne pas aller voter", relève Emmanuel Rivière de TNS-Sofres.
Mais comment débattre de transports scolaires et des compétences des régions dix jours après les attentats les plus meurtriers jamais perpétrés en France? De surcroît avec un matériel de campagne - tracts, affiches - imprimé avant le 13 novembre.
Le PS a renoncé à diffuser 1,5 million de tracts jugés trop agressifs contre la droite. Quant au Front de gauche, il a demandé "des mesures exceptionnelles" pour expliquer "quels sont désormais les enjeux des élections".
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