C'est un scrutin historique mettant fin à 12 ans de présidence de Nestor et Cristina Kirchner: les Argentins décident dimanche si leur futur président sera Mauricio Macri, un libéral, ou Daniel Scioli, un péroniste modéré.
Les instituts de sondages qui faisaient de Scioli le grand favori de la présidentielle avant le premier tour, donnent désormais une nette avance à Mauricio Macri, maire de Buenos Aires depuis 2007 et ancien président du club de football de Boca Juniors.
Le second tour de la présidentielle débutera à 08h00 locales (11h00 GMT) et les bureaux de vote fermeront à 18h00 (21h00 GMT). Il faudra attendre 20h00 (23h00 GMT) pour voir apparaître les premières tendances.
C'est la première fois depuis que le ballottage a été intégré dans la loi électorale voici 40 ans que l'élection d'un président se décide au second tour.
Mauricio Macri, candidat préféré des marchés, a causé la surprise le 25 octobre lors du 1er tour. Alors que dans son propre parti on se satisfaisait de 7 points de retard sur Daniel Scioli, synonyme de second tour, le verdict des urnes lui a été encore plus favorable: 37% pour Scioli, 34% pour Macri.
Bénéficiant de l'usure du pouvoir après 12 ans de kirchnérisme, Mauricio Macri a su bâtir une large coalition, Cambiemos (Changeons), autour de sa formation de droite, le PRO (Proposition républicaine), intégrant notamment l'Union civique radicale (UCR, centre-gauche), un parti historique de l'Argentine, en perte de vitesse.
Dans un pays où les Péronistes et les radicaux de l'UCR ont alterné avec les dictatures militaires, une victoire de la coalition du maire de Buenos Aires installerait au pouvoir un parti jeune fondé il y a seulement dix ans.
- Changement/continuité -
"C'est une étape merveilleuse. Je veux que vous sachiez que je suis là pour vous écouter. Ne nous disputons plus", a lancé Macri lors de son dernier discours de campagne, alors que l'Argentine est fortement polarisée politiquement entre pro-Kirchner et anti-Kirchner, jusqu'au sein même des familles.
Macri, 56 ans, est le fils d'un puissant hommes d'affaires, Franco Macri, un Italien qui a fait fortune en Argentine.
Député, ministre, vice-président de Nestor Kirchner, gouverneur de la province de Buenos Aires, la plus importante du pays avec 16 millions d'habitants, Daniel Scioli, 58 ans, est un apparatchik de la mouvance péroniste, qui a dominé la vie politique depuis sa création voici 70 ans.
"Le pays est sous la menace d'une escroquerie avec le mot +changement+", avertit Daniel Scioli. Lui aussi voudrait incarner le changement, mais il a tellement loué les politiques des Kirchner, qu'il est perçu comme l'homme de la continuité.
Tout au long de la campagne, Daniel Scioli a copié-collé le discours idéologique Kirchner, pour s'assurer l'héritage électoral, avant de se démarquer de la gestion Kirchner et de passer à l'attaque, à l'issue de 1er tour. Une réaction probablement trop tardive pour avoir un impact dans les urnes.
Scioli a durci le ton contre Macri, le traitant de "prétentieux" des beaux quartiers de Buenos Aires et l'accusant d'être le promoteur d'un "capitalisme sauvage", comme celui qui a gouverné l'Argentine dans les années 1990, conduisant la pays à la crise économique de 2001/2002.
Un sondage de Management & Fit réalisé de lundi à mercredi a identifié près de 12 pour cent d'indécis, et 7% d'électeurs susceptibles de modifier leur vote. Le résultat du vote au second tour affiche 55% pour Macri, 45% pour Scioli.
"Tout indique que l'élection est pour Macri, c'est difficile de refaire un tel retard", estime la directrice de l'institut, Mariel Fornoni.
Le nouveau président, qui prendra ses fonctions le 10 décembre, aura pour mission de redresser l'économie du pays sud-américain, au bord de la récession, après dix ans de forte croissance.
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