La prise d'otages meurtrière de l'hôtel Radisson Blu de Bamako, revendiquée par le groupe jihadiste de Mokhtar Belmokhtar, fidèle à Al Qaïda, s'est terminée vendredi après neuf heures d'enfer et plus de 27 morts, à la suite de l'intervention conjointe des forces maliennes et étrangères, notamment françaises.
Cet attentat survient une semaine après les attaques meurtrières qui ont fait à Paris 130 morts et plus de 350 blessés et revendiquées pour leur part par le groupe Etat islamique.
"La prise d'otages est terminée. Nous sommes actuellement en train de sécuriser l'hôtel", a déclaré à l'AFP une source militaire peu après 16 heures (locale et GMT), tandis qu'un journaliste de l'AFP voyait circuler des agents de la protection civile sortir des corps de l'hôtel dans des sacs mortuaires orange.
"Le dernier bilan est d'au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser", a affirmé une source militaire, estimant que leur nombre total ne dépassait pas quatre. Quant à leurs victimes, au moins 27 ont péri, a ajouté cette source.
Un américain figure parmi les morts ainsi qu'un haut fonctionnaire belge.
L'état d'urgence est décrété "sur l'ensemble du territoire malien" pour une durée de dix jours à compter de la nuit de vendredi à samedi, a annoncé le gouvernement à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaires.
Dans la soirée, le groupe du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar a adressé un document sonore à la chaîne qatarie Al-Jazeera : "Nous les Mourabitoune, avec la participation de nos frères () d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, revendiquons l'opération de prise d'otages à l'hôtel Radisson".
Peu avant 16H00, le ministre de la Sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré, avait déclaré que les assaillants n'avaient "plus d'otage entre leurs mains" et que les forces de sécurité étaient "en train de les traquer".
Les forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opération, "en assistance des forces maliennes", a explilqué vendredi soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. A la mi-journée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, avait également envoyé une quarantaine de membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali.
Sont également intervenus des membres de la Minusma et des forces américaines.
Immédiatement après la fin de l'assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta --qui a écourté son séjour au Tchad où il était pour un sommet des cinq pays du Sahel--, a salué sur son compte Twitter "le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali et remerci(é) les pays amis pour leur assistance".
L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté autour de 07H00 GMT. Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique, selon le ministère.
Un client de l'hôtel a raconté à la télévision malienne avoir entendu "des coups de feu tout à fait au début. Je pensais que c'était des pétards, je ne croyais pas à une prise d'otages. Mais ça a continué. Je suis sorti de ma chambre pour aller dans le couloir et j'ai vu beaucoup de fumée. Je suis rentré dans la chambre."
- Au moins 14 nationalités -
Un autre client africain a dit s'être enfermé dans sa chambre après avoir entendu des tirs d'armes automatiques dans le couloir. Ensuite, a-t-il témoigné, "les forces maliennes sont venues nous récupérer. Ils ont frappé à nos portes pour dire que +c'est la sécurité+. On était un petit groupe, ils nous ont évacués par les escaliers".
Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, à l'ouest du centre-ville, avait parlé de 140 clients et 30 employés dans l'établissement au moment de l'attaque.
"Nos forces spéciales ont libéré une trentaine d'otages et d'autres ont pu s'échapper tout seuls", avait déclaré à la mi-journée le colonel Traoré, le ministère faisant ensuite état de 78 personnes libérées.
Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge. Il avait déjà été revendiqué par Al-Mourabitoune.
Des étrangers d'au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients de l'hôtel Radisson Blu, selon le ministère de la Sécurité intérieure et les autorités ou employeurs des pays concernés: Algérie, Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Côte d'Ivoire, Espagne, Etats-Unis, France, Inde, Maroc, Russie, Sénégal et Turquie.
Air France, qui a annulé tous ses vols à partir et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l'établissement qui ont été mis "en lieu sûr". Selon le ministre français de la Défense, "il n'y aurait pas de Français" tué.
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