"Je suis venu exprès. Les gens étaient très touchés": Mohammed, comme des dizaines, voire des centaines de milliers de musulmans de France, s'est rendu vendredi à la mosquée, où un prêche a été prononcé contre le terrorisme.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait proposé aux 2.500 mosquées un "texte solennel" condamnant toute "forme de violence", après les attentats jihadistes du 13 novembre.
Des imams avaient rédigé leur propre prêche. A La Courneuve, siège de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, issue des Frères musulmans), Ahmed Jaballah a jugé indispensable, dans son sermon, de "toujours clarifier la position de l'islam, pour que personne ne puisse dire au nom de la religion ce qui peut justifier l'injustifiable".
La "barbarie" jihadiste "nous interpelle tous, car on n'est pas à l'abri de cette violence (). Parce que je pense que la prochaine étape ce sont des mosquées", a déclaré à Bordeaux Tareq Oubrou, figure libérale de l'UOIF, avant une marche interreligieuse de près de 2.000 personnes.
Même tonalité interconfessionnelle à Nantes, où une déclaration commune a été signée à la mosquée Assalam, la plus grande de l'Ouest: "La haine ne passera pas par nous". Mais selon son porte-parole Mohammed Guerroumi, beaucoup de fidèles n'ont pas assisté à la prière, car "ils ont tous la frousse".
"Méfiez-vous, ne vous adressez pas à n'importe qui quand vous vous posez des questions sur la religion": l'imam d'une mosquée d'Avignon, Mohammed El Mahdi Krabch, a adressé "un message aux jeunes".
A Metz, certains jeunes confient qu'ils attendaient ce jour avec impatience. "Je ne peux pas toujours venir à la prière, mais là je suis venu exprès. Les gens étaient très touchés, l'imam était très touché", témoigne Mohammed, 36 ans.
- Marseillaise à Strasbourg -
"On nous pressait depuis janvier de parler. On a senti que nous n'avions plus le choix. Qu'il était temps de dire que nos valeurs sont compatibles avec la République, de dire qui nous sommes", a expliqué à Toulouse Hassan Idmiloud, responsable d'association musulmane.
Au Blanc-Mesnil, au nord de Paris, plusieurs centaines de personnes ont assisté au prêche. Cette mosquée a été sous le feu des projecteurs après les attentats. Selon un de ses proches, Samy Amimour, un kamikaze du Bataclan, fréquentait cette mosquée, mais ses responsables disent ne pas le connaître.
"En ce vendredi, une semaine après la pire tragédie, l'heure est au recueillement et à l'apaisement", dit l'homme qui a fait le prêche, ne souhaitant pas donner son nom.
A Lunel (Hérault), "le message du CFCM condamnant les attentats de Paris a été lu", assure Redouane, un quinquagénaire.
"Si tu es Arabe, musulman et de Lunel, on te regarde comme un jihadiste. C'est lourd à porter", déplore Saïd, né il y a 21 ans dans cette ville qui a vu partir une vingtaine de jeunes vers la Syrie, où au moins huit sont morts. Leïla, mère de famille voilée, condamne pourtant sans détour "cet islam de violence qui n'est pas le nôtre".
Un prêche antiterroriste a également été tenu à la mosquée Mahabba d'Alençon, qu'a fréquentée en 2013 et 2014 Fabien Clain, "la voix" de la revendication des attentats par le groupe État islamique. Le président de l'association qui gère le lieu, Omar Sadequi, a "indirectement" fait allusion à ce vétéran du jihadisme français, appelant "jeunes et parents à la vigilance" face à des gens qui "sèment le désordre".
Objet d'une perquisition administrative avant l'aube, la mosquée de Rachid Abou Houdeyfa, un salafiste quiétiste, a accueilli la grande prière comme n'importe quel vendredi. "A combien de personnes on a évité de tomber dans l'extrémisme? Les mosquées, ce n'est pas le problème, c'est la solution", a affirmé l'imam controversé, qui a une nouvelle fois condamné les attentats.
Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées au milieu des grands ensembles du quartier lyonnais de la Duchère, dans un préfabriqué, sous une tente et sur des tapis à l'extérieur, en l'absence de mosquée. Hachim, 43 ans, originaire des Comores, y souligne que lui et ses frères musulmans sont des "enfants de la République".
Les fidèles réunis à l'intérieur de la grande mosquée de Strasbourg ont entonné la Marseillaise, qui a résonné sous le dôme. "Paix" pouvait-on lire sur un drapeau, en français et en arabe.
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