L'UE va instituer des contrôles systématiques des ressortissants européens à ses frontières afin de mieux lutter contre le terrorisme, pour répondre aux failles apparues après les attentats sanglants de Paris, dont un des auteurs présumés est toujours traqué.
Au moins 18 personnes ont par ailleurs été tuées vendredi lors d'une attaque avec prise d'otages dans un hôtel de Bamako (Mali), prisé par la clientèle internationale. Deux assaillants ont été abattus lors de l'assaut des forces de l'ordre.
A Bruxelles, les ministres européens de l'Intérieur et de la Justice se sont engagés à adopter avant la fin de l'année le fameux PNR, un fichier de données sur les voyageurs aériens et à renforcer la lutte contre les trafics d'armes dans les Balkans, une semaine après les attentats les plus meurtriers de l'histoire en France (130 morts et plus de 350 blessés).
Les Européens ont décidé de renforcer "immédiatement" les contrôles aux frontières extérieures de l'UE, y compris pour les ressortissants européens. Et la Commission européenne va proposer "d'ici la fin de l'année" une révision des règles de Schengen dans le même but.
"Notre réaction collective doit être implacable. Il faut sortir des promesses sans lendemain, des atermoiements et des lenteurs. Sinon l'Europe se perdra", a prévenu le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. La France, a-t-il précisé, maintiendra le contrôle à ses frontières, rétabli il y a une semaine, "aussi longtemps que la menace terroriste le nécessitera".
- Une femme parmi les jihadistes -
L'illustration des défaillances de la lutte antiterroriste aura été le retour incognito en Europe du jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud. Le soir des attentats, revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), il a été filmé vers 22H00 par une caméra de la RATP à une station de métro de Montreuil, en banlieue parisienne.
Sa présence à proximité du lieu où une Seat noire, utilisée par le "commando des terrasses", a été abandonnée, interroge. Faisait-il aussi partie de ce commando?
Surtout, comment a-t-il pu se déplacer librement alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international? "Nous ne savons pas" comment Abaaoud est entré en France, a reconnu le Premier ministre Manuel Valls.
En France, au moins un assaillant présumé du carnage parisien est toujours traqué : Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie du "commando des terrasses", qui a mitraillé des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements, tuant au moins 39 personnes. Il a sans doute été exfiltré, au moins dans un premier temps, par deux complices présumés depuis écroués en Belgique.
Les enquêteurs ont identifié vendredi, par ses empreintes digitales, Hasna Aitboulahcen, 26 ans, cousine d'Abaaoud, dans les décombres de l'appartement de Saint-Denis où ce dernier est mort mercredi, lors d'un spectaculaire assaut policier. Selon une source policière, Hasna Aitboulahcen n'est pas morte en kamikaze, comme l'indiquaient les premiers éléments de l'enquête.
Un troisième corps retrouvé dans l'appartement de Saint-Denis doit encore être identifié, mais les constatations sont compliquées par l'état déchiqueté des cadavres.
Parmi les auteurs des attentats du 13 novembre, quatre kamikazes, tous Français, ont déjà été identifiés: Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme, passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.
- "Menace permanente" -
Deux autres assaillants ne sont pas encore identifiés.
"La menace est toujours présente et va être longue et permanente", a prévenu Manuel Valls.
Le projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois, adopté jeudi à la quasi-unanimité par l'Assemblée nationale, passe devant les sénateurs vendredi. La loi "pourra être promulguée avant la fin de la semaine", selon le Premier ministre.
Ce texte élargit les possibilités d'assignation à résidence et permet la dissolution de groupes et associations extrémistes. Les perquisitions administratives, dans le cadre de l'état d'urgence, se poursuivent à un rythme soutenu. Depuis une semaine, 793 perquisitions ont été réalisées, 90 personnes placées en garde à vue, 164 assignées à résidence et 174 armes saisies.
Dans de nombreuses mosquées en France, des textes condamnant le "terrorisme" ont été lus vendredi, jour de prêche, comme à La Courneuve, où l'ancien président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, issue des Frères musulmans), Ahmed Jaballah a jugé indispensable, devant les fidèles, de "toujours clarifier la position de l'islam, pour que personne ne puisse dire au nom de la religion ce qui peut justifier l'injustifiable".
La mairie de Strasbourg a décidé de maintenir son célèbre marché de Noël, où deux millions de visiteurs sont attendus à partir du 27 novembre. A Paris, les ventes de billets de concerts à Paris a chuté d'environ 80% depuis les attentats, selon le syndicat national des producteurs (Prodiss). Le Bataclan, l'une des salles de spectacles les plus connues de Paris, a été l'une des cibles des attentats du 13 novembre.
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