"Je ne peux pas toujours venir à la prière, mais là je suis venu exprès. Les gens étaient très touchés": Mohammed, comme des dizaines voire des centaines de milliers de musulmans de France, s'est rendu vendredi à la mosquée, où un prêche a été élevé contre le terrorisme.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait proposé aux quelque 2.500 mosquées du pays un "texte solennel" condamnant "sans ambiguïté" toute "forme de violence", après les attentats jihadistes qui ont fait 129 morts.
Mais dans un islam sunnite sans clergé, qui ne parle pas d'une seule voix, plusieurs fédérations de mosquées, recteurs ou imams avaient rédigé leur propre prêche. A La Courneuve, siège de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, issue des Frères musulmans), son ancien président Ahmed Jaballah a jugé indispensable, devant les fidèles, de "toujours clarifier la position de l'islam, pour que personne ne puisse dire au nom de la religion ce qui peut justifier l'injustifiable".
A la mosquée As Salam de Metz, installée dans un petit bâtiment du centre-ville, l'imam s'est fondé sur le prêche de la grande mosquée de Paris. A la la sortie de la grande prière, temps culminant de la semaine musulmane, certains jeunes refusent de parler "de ça". Mais d'autres confient volontiers qu'ils attendaient ce moment avec impatience.
- 'Tous dans la même maison' -
"C'était important d'avoir des avis de la religion, des citations du Coran qui expliquent que ce qu'il s'est passé, ça n'a rien à voir avec l'islam et c'est contraire à notre doctrine", dit à l'AFP Ismaïl, un lycéen de 17 ans.
"Je ne peux pas toujours venir à la prière, mais là je suis venu exprès par rapport à ça. Les gens étaient très touchés, l'imam était très touché", témoigne Mohammed, 36 ans. "Il a dit qu'il avait vécu en Arabie saoudite, que c'était un pays très fermé, et qu'il avait trouvé un accueil (en France) et que () on doit remercier la France et surtout pas accepter ce qu'il se passe", poursuit-il.
Pour Moustapha, la trentaine, "on n'a pas besoin fondamentalement d'un message religieux pour comprendre ce qu'il s'est passé", des "actes barbares qui sont motivés par d'autres raisons".
"Ce sont des anciens délinquants, des gens qui sont perdus, voilà", tranche-t-il.
Même nom de mosquée, As Salam (un des noms d'Allah), à Toulouse, où une foule dense se presse dans la salle de prière, un chapiteau dressé à côté et même le jardin attenant.
A l'issue du prône, une petite cérémonie interreligieuse réunit, autour des responsables musulmans, le rabbin de Toulouse Avraham Weill et un représentant de l'épiscopat catholique. "On nous pressait depuis janvier de parler. On a senti que nous n'avions plus le choix. Qu'il était temps de dire que nos valeurs sont compatibles avec la République, de dire qui nous sommes", explique Hassan Idmiloud, vice-président de l'Association des musulmans de Toulouse.
A la Duchère, un quartier de grands ensembles de l'ouest de Lyon, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans un préfabriqué, sous une tente et sur des tapis à l'extérieur, faute d'une mosquée qui n'en finit pas de se construire depuis dix ans, par manque d'argent. Hachim, 43 ans, originaire des Comores, y souligne que lui et ses frères musulmans sont "dans la République", des "enfants de la République".
"On est tous dans la même maison, et si le toit s'effondre, on se retrouvera tous à la rue!", prévient-il.
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