Pour la première fois depuis la déclaration de l'état d'urgence, un couvre-feu a été décrété vendredi pour ce week-end dans un quartier sensible de Sens (Yonne), après la découverte d'armes et de faux papiers lors de perquisitions administratives.
Ce couvre-feu "prend effet à compter de vendredi 20 novembre, 22h jusqu?au lundi 23 novembre - 6h", selon un communiqué de la préfecture de l'Yonne.
Une porte-parole a précisé que la mesure interdisait "la circulation piétonne et routière, sauf les véhicules d'urgence, les soirs entre 22H et 6H".
Ce couvre-feu fait suite à des perquisitions administratives menées dans la nuit de jeudi à vendredi, qui "ont donné lieu à la découverte d?armes non autorisées et de faux papiers".
La préfecture a ajouté que des personnes avaient été placées en garde à vue, sans en préciser le nombre.
Selon la députée-maire (Les Républicains) de Sens, Marie-Louise Fort, ce couvre-feu vise "la sécurisation de la population sénonaise" après les saisies d'armes et de faux papiers.
Interrogée par l'AFP, Mme Fort a rappelé que le quartier des Champs-Plaisants représente "presque un tiers de la population" de cette ville d'environ 25.000 habitants. C'est "un quartier populaire", où se déroulent des "incidents comme des caillassages ou des feux de poubelles".
"J'aurais souhaité l'application de ces mesures un peu avant, après les événements de janvier", a-t-elle regretté.
Disant vouloir "remplir sa part de mission", la députée-maire a précisé que "certains bâtiments municipaux fermeront à 19 heures" et qu'"une visite des établissements scolaires (avait) eu lieu pour vérifier l?application des dispositifs du plan vigipirate".
A l'été 2002, afin de lutter contre la délinquance juvénile, Mme Fort avait interdit la circulation la nuit des mineurs de moins de 13 ans non accompagnés.
- Evénéments festifs annulés -
Conséquence du couvre-feu : un concert et une soirée festive organisés ce week-end par la Maison de la culture et de la jeunesse (MJC) sont annulés, a déploré son directeur, Yannick Grimaud. La fermeture des bâtiments municipaux à 19H va également priver les adhérents des activités culturelles proposées en soirée.
"J'ai le sentiment que les terroristes ont gagné puisqu'on ferme un lieu où la laïcité s'exprime", a dit à l'AFP M. Grimaud, qui a observé "beaucoup plus de calme" dans le quartier depuis le 13 novembre, jour des attentats à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés.
Dans le cadre de l?état d'urgence, aux termes de la loi de 1955, les préfets ont la possibilité d'"interdire la circulation des personnes ou des véhicules" dans certains lieux ou à certaines heures, ou d'instituer "des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé". Ce qui permet donc la mise en place de couvre-feux.
En 2005, les préfets de sept départements (Alpes-Maritimes, Eure, Landes, Loiret, Rhône, Seine-Maritime et Somme) avaient chacun pris des arrêtés interdisant la circulation des mineurs non accompagnés, la nuit, en des lieux déterminés, à des moments précis et pour des périodes allant de trois à onze jours selon les cas.
Secrétaire zonal du syndicat de policiers Alliance, Frédéric Paillard a pour sa part demandé que l'application du couvre-feu aux Champs Plaisants "ne revienne pas entièrement à la police nationale", au moment où "aucune force supplétive n'est disponible depuis les événements de Paris".
Depuis l?entrée en vigueur de l'état d'urgence le 13 novembre, "les forces de l'ordre procèdent chaque nuit à des perquisitions", sans lien direct avec les attentats, "décidées par les préfets" et "des assignations à résidence sont prononcées par décision ministérielle", avait déclaré mercredi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
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