Les ministres européens de l'Intérieur et de la Justice se réunissent vendredi à Bruxelles pour remédier aux failles sécuritaires constatées, une semaine après les attentats les plus sanglants de l'histoire en France, dont au moins un auteur présumé est toujours traqué.
A Saint-Denis, aux portes de Paris, les enquêteurs ont découvert dans la nuit un troisième corps dans les décombres de l'appartement où le jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attaques revendiquées par l'Etat islamique (EI), est mort mercredi lors d'un spectaculaire assaut policier.
"Nous souhaitons que l'Europe, qui a trop perdu de temps sur un certain nombre de questions qui relèvent de l'urgence, prenne aujourd'hui les décisions qui s'imposent", a plaidé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à son arrivée à Bruxelles.
L'illustration de ces défaillances aura été le retour incognito en Europe d'Abdelhamid Abaaoud. Le soir des attentats, il a été filmé vers 22H00 par une caméra RATP à Montreuil (est de Paris), à la station de métro Croix de Chavaux.
Sa présence à proximité du lieu où une Seat noire, utilisée par le "commando des terrasses", a été abandonnée, interroge. Faisait-il partie de ce commando, qui a mitraillé des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris ?
- Trois corps dont une femme -
Surtout, comment a-t-il pu se déplacer librement alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international ?
"Nous ne savons pas" comment Abaaoud est rentré en France, a reconnu le Premier ministre Manuel Valls. "Aucune information émanant de pays européens () suggérant qu'il ait pu arriver en Europe" n'a été transmise à Paris, a assuré Bernard Cazeneuve.
La réunion des ministres européens devrait permettre à la France d'avancer sur ses priorités, affirmées par François Hollande devant le Congrès lundi: "la lutte contre le trafic d'armes", "la mise en place des contrôles coordonnés et systématiques aux frontières" de l'espace Schengen, ainsi que "l'approbation, avant la fin de l'année 2015" du PNR européen (un fichier de données sur les voyageurs aériens, ndlr).
Parallèlement, la traque de Salah Abdeslam, soupçonné de faire partie du "commando des terrasses", sans doute exfiltré par deux complices présumés depuis inculpés en Belgique, se poursuit.
Les enquêteurs cherchent aussi à confirmer l'identité des personnes mortes avec Abaaoud durant l'assaut de mercredi, les constatations étant compliquées par l'état déchiqueté des corps. Les autorités faisaient jusqu'à présent état d'au moins deux morts, mais le parquet a confirmé vendredi que trois corps, dont celui du Belgo-Marocain, ont été retrouvés sur les lieux.
L'un des cadavres est celui d'une femme et il pourrait s'agir de sa cousine, Hasna Aitboulahcen (26 ans). Un sac à main contenant un passeport à son nom a été découvert dans l'appartement, selon le parquet.
Parmi les auteurs des attentats du 13 novembre, quatre kamikazes, tous Français, ont déjà été identifiés: Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans). Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne et auprès duquel a été retrouvé au Stade de France un passeport syrien à l'authenticité douteuse, dont les policiers ont diffusé la photo.
Deux autres assaillants, un au Bataclan et un au Stade de France, ne sont pas encore identifiés.
- 'Menace permanente' -
Côté belge, neuf personnes ont été interpellées jeudi près de Bruxelles, dont sept proches de Bilal Hadfi. "La menace est toujours présente et va être longue et permanente", a affirmé jeudi Manuel Valls.
Jean-Marc Falcone, directeur général de la police, a lui aussi jugé vendredi sur France Info que la France n'était "pas à l'abri d'avoir sur (son) territoire d'autres équipes".
Le projet de loi prolongeant l'état d'urgence pour trois mois, adopté jeudi à la quasi-unanimité par l'Assemblée nationale, passe devant les sénateurs vendredi. S'ils l'adoptent, la loi "pourra être promulguée avant la fin de la semaine", selon M. Valls.
Ce texte élargit le régime des assignations à résidence et permet la dissolution de groupes et associations extrémistes pouvant porter gravement atteinte à l'ordre public ou y incitant.
Les perquisitions administratives, opérées dans le cadre de l'état d'urgence, se poursuivent à un rythme soutenu. Depuis une semaine, 600 perquisitions ont été réalisées et 157 personnes assignées à résidence. Vendredi matin, une perquisition a visé la mosquée Sunna de Brest, dirigée par un imam salafiste.
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