Manuel Valls a évoqué jeudi soir une "remise en cause" de Schengen si l'Europe n'assumait pas ses responsabilités en matière de contrôle des frontières, jugeant par ailleurs possible que "des groupes ou individus" liés aux attentats puissent encore être actifs.
Invité sur le plateau du 20H00 de France 2, le Premier ministre a demandé "que chaque pays frontalier de la France joue pleinement son rôle, assume ses responsabilités". "Si l'Europe n'assume pas ses responsabilités, alors en effet, c'est tout le système Schengen qui sera remis en cause", a-t-il estimé.
L'Europe a-t-elle failli dans cette affaire? "Moi je ne veux pas dire cela. Encore une fois, nous devons la vérité aux Français. Ce sont malheureusement des individus expérimentés qui se dissimulent, qui évitent la police, qui ont des faux papiers, qui ont des complicités, qui ont une véritable organisation", a-t-il répondu.
"Mais cela veut bien dire que nous devons continuer à renforcer la coopération entre les pays au niveau du renseignement et que le contrôle aux frontières doit être renforcé", a-t-il insisté, mettant ainsi l'UE sous pression à la veille d'une réunion des ministres européens de l'Intérieur à Bruxelles, convoquée en urgence à la demande de Paris.
Le Premier ministre a également évoqué l'enquête sur les attentats de Paris et Saint-Denis, affirmant que certains des auteurs avaient "profité de la crise des réfugiés" pour perpétrer leurs attaques, et "notamment au moment de ce chaos, peut-être, pour certains d'entre eux, se glisser" en France.
Mais certains se trouvaient "déjà" en Belgique et en France, a-t-il rappelé.
Par ailleurs, concernant l'enquête dans les milieux islamistes, "157 personnes ont été assignées à résidence depuis vendredi" et "600 perquisitions" ont été menées, a indiqué le Premier ministre. Le précédent bilan faisait état mercredi d'environ 400 perquisitions et 118 assignations à résidence.
- '600 perquisitions' -
Manuel Valls s'est également voulu très prudent sur le fait de savoir "si des groupes, des individus, qui sont directement liés à l'attaque de vendredi soir sur Paris, sur Saint Denis" étaient encore actifs.
"Nous ne le savons pas encore. On peut l'imaginer", a-t-il répondu. "Et c'est la raison pour laquelle la menace est toujours présente et va être longue et permanente", a ajouté M. Valls.
Il a aussi reconnu "ne pas savoir" non plus comment Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats tué mercredi dans un assaut policier à Saint-Denis, était entré en France.
"A ce stade, nous ne le savons pas, mais je ne doute pas que l'enquête le démontrera () pour comprendre pourquoi cet homme qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par la Belgique a pu ainsi traverser toute une série de frontières".
De la même manière, le Premier ministre a admis son ignorance sur le fait de savoir si Salah Abdeslam, autre auteur présumé des attaques recherché par les forces de l'ordre, se trouvait en France ou en Belgique.
Le conseil "Justice et affaires intérieures" de vendredi doit permettre à la France d'avancer sur ses priorités, que François Hollande avait rappelées dans son discours au Congrès lundi, en jugeant "impératif" qu'elles trouvent une traduction "rapide" en Europe.
Manuel Valls a de nouveau défendu sur France 2 les avancées de la loi prolongeant et renforçant l'état d'urgence, préparée par le gouvernement à la suite des attentats.
Celle-ci pourra être promulguée "avant la fin de la semaine" si le Sénat donne son feu vert comme attendu vendredi, selon le Premier ministre.
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