Des "facteurs organisationnels et humains" sont à l'origine du déraillement mortel samedi d'un TGV d'essais en Alsace, le train n'ayant pas freiné assez tôt alors qu'il roulait à 243 km/h lors du choc, selon les premières conclusions de la SNCF.
"L'origine immédiate de l'accident est un freinage tardif", celui-ci "aurait dû être (exercé) au moins un kilomètre plus tôt", a déclaré le président de la SNCF Guillaume Pepy lors d'une conférence de presse, avec le président de SNCF Réseau Jacques Rapoport.
La rame d'essais, avant de dérailler, est entrée à 265 km/h au lieu de 176 km/h sur la portion de raccordement entre la LGV et la ligne classique. Elle a ensuite percuté le pont, puis chuté de la ligne ferroviaire.
Parmi les 53 personnes qui se trouvaient à bord, 11 sont décédées, dont le directeur de la ligne et le directeur des essais.
Pour le parquet de Strasbourg, qui s'est dessaisi jeudi au profit du parquet de Paris, la "vitesse inadaptée pourrait être la conséquence d'un freinage tardif", mais, a ajouté le procureur de la République adjoint, Alexandre Chevrier, "en l'état des investigations il n'existe aucune certitude sur ce point".
"A ce jour, rien ne permet d'étayer une hypothèse d'acte volontaire et/ou de malveillance (). Toutefois des expertises seront menées pour permettre de l'écarter définitivement", a par ailleurs déclaré Frédérique Porterie, procureure adjointe au parquet de Paris, en charge du pôle "Accidents collectifs", dont des juges d'instruction seront désignés pour diriger l'information judiciaire qui doit être ouverte "prochainement".
Ce TGV d'essais effectuait le tout dernier test sur le second tronçon de la LGV Est, qui devait ouvrir en avril mais sera sans doute repoussé.
Toutefois, a tenté de rassurer Guillaume Pepy, "cet accident ne peut pas arriver" avec un TGV commercial, car sur un train d'essais, "on débranche les sécurités". Ainsi, "à l'endroit où le train n'a pas freiné, il y aurait eu un mécanisme d'arrêt automatique du train".
- Procédures disciplinaires -
Il s'agit du deuxième accident de train mortel en France en moins de deux ans et demi. A l'origine du déraillement de Brétigny-sur-Orge, qui avait fait sept morts en juillet 2013, des défaillances dans des processus de maintenance. Dans celui du TGV, des "facteurs organisationnels et humains", mais aucune défaillance technique relevée.
"Cet accident n'aurait jamais dû arriver", a déploré Guillaume Pepy, craignant que "ce qui a été vu sur le facteur organisationnel () concerne d'autres endroits de l'entreprise".
Les dirigeants de la SNCF ont annoncé "des procédures disciplinaires" qui "conduiront, dès que l'enquête le permettra, aux sanctions justifiées", et dans un premier temps, "au vu de la gravité exceptionnelle et du bilan humain très lourd, (à) des suspensions conservatoires (), après audition des intéressés et de leur chaîne managériale".
L'enquête de la SNCF va chercher l'origine de ce freinage tardif, et éclaircir, selon les dirigeants du groupe, "la présence imprudente d'enfants à bord et de sept personnes en cabine de conduite, un certain manque de rigueur dans la préparation de la liste des personnes", mais aussi, "sans doute () des erreurs de comportements humains".
Cinq adolescents se trouvaient à bord du train, et figurent parmi les blessés. Aucun ne se trouvait auprès du conducteur.
Les essais sur LGV sont gelés jusqu'aux résultats de l'enquête, et l'ensemble des procédures d'essais sur ligne à grande vitesse seront remis à plat.
Interrogée par l'AFP, l'Unsa (deuxième syndicat) demande que le dossier "soit traité avec rigueur et transparence" et se portera partie civile "en début de semaine".
Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a également ouvert une enquête.
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