La Russie a massivement bombardé mardi les positions de l'organisation État islamique (EI) en Syrie après avoir annoncé que le crash de son avion de ligne fin août dans le Sinaï égyptien qui avait fait 224 morts était bien un "attentat".
Vladimir Poutine a juré de "trouver et de punir" les responsables de cette attentat, le plus meurtrier pour des Russes depuis plus de dix ans, revendiqué par les jihadistes de l'EI dès les premiers jours.
Les services secrets russes ont promis une récompense de 50 millions de dollars à toute personne les aidant à "identifier les terroristes" responsables du crash du vol A321 dans le Sinaï égyptien le 31 octobre.
Les autorités égyptiennes ont pour leur part affirmé que les causes de la tragédie qui a bouleversé la Russie n'avaient toujours pas été déterminées par l'enquête, ordonnant néanmoins le renforcement des mesures de sécurité dans tous les aéroports du pays.
"Pendant le vol, un engin explosif artisanal d'une puissance équivalente à un kilogramme de TNT s'est déclenché", avait indiqué lors d'une réunion lundi soir le chef du FSB, Alexandre Borotnikov, alors que jusqu'à présent l'hypothèse d'une bombe à bord de l'avion avait été évoquée par Washington et Londres mais mise en doute par Moscou.
"L'avion s'est désintégré dans l'air, ce qui explique pourquoi (nous avons retrouvé) des morceaux du fuselage dans un large rayon" dans le désert égyptien, a-t-il expliqué à Vladimir Poutine.
L'appareil, à destination de Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie), avait perdu le contact avec la tour de contrôle 23 minutes après son décollage de la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Cheikh.
"Nous ne sécherons pas nos larmes. Cela nous marquera à jamais. Mais cela ne nous empêchera pas de trouver et punir les criminels", a promis Vladimir Poutine.
"Nous devons le faire sans tarder, trouver leur identité", a poursuivi le chef de l'Etat russe sans nommer les jihadistes de l'EI. "Nous les trouverons en n'importe quel point de la planète et nous les punirons".
- Bombardiers stratégiques en Syrie -
La réponse russe n'a pas tardé: l'état-major russe a annoncé dans la soirée avoir pour la première fois fait intervenir en Syrie des bombardiers stratégiques à long rayon d'action, qui ont décollé depuis la Russie. Ces avions ont une puissance de feu supérieure aux bombardiers et avions d'attaque au sol utilisés de coutume en Syrie par l'aviation russe. Ils sont notamment capables d'un effet "tapis de bombe".
Des bombardiers Tu-22 ont ainsi frappé mardi matin des cibles de l'EI dans les provinces de Raqa (nord-est) et de Deir Ezzor (est), tandis que des Tu-160 et des Tu-95MC ont bombardé les provinces d'Alep (nord-ouest) et d'Idleb (nord-ouest), selon l'armée russe.
Les frappes russes en Syrie, qui ont débuté le 30 septembre, seront "intensifiées pour que les criminels se rendent compte que le châtiment est inévitable", a annoncé le président russe.
M. Poutine s'est ailleurs entretenu par téléphone avec son homologue français François Hollande, avant une rencontre prévue le 26 novembre à Moscou. Les deux chefs d'Etat, qui opèrent un rapprochement spectaculaire, se sont mis d'accord pour une "coordination plus étroite" de leurs agences de renseignement sur le conflit syrien après les attentats de Paris, selon le Kremlin.
La France a également annoncé avoir frappé Raqa lundi et dans la nuit, après des attentats revendiqués par l'EI qui ont fait vendredi soir au moins 129 morts et 352 blessés à Paris. Ces bombardements se poursuivront "en mobilisant la communauté internationale", a affirmé le Premier ministre français Manuel Valls.
François Hollande a ainsi annoncé lundi vouloir "unir" l'action des forces françaises avec celles de la Russie et des États-Unis contre l'EI.
De son côté, le président russe a appelé lundi à "unir (les) efforts dans la lutte contre ce mal, le terrorisme", alors qu'il participait au G20 à Antalya, en Turquie.
Selon lui, les récentes attentats "prouvent que (la Russie) a eu raison" de vouloir organiser une coalition antiterroriste internationale élargie en Syrie contre l'EI, un projet cher au Kremlin mais qui a échoué cet été en raison de la réticence des Occidentaux et des pays arabes à s'allier avec le régime de Damas.
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