Le Parlement roumain a accordé mardi sa confiance au gouvernement de l'ex-commissaire européen Dacian Ciolos, qui a un an pour faire ses preuves auprès d'une population toujours sous le choc du drame de la discothèque et lasse de la corruption endémique.
Au total 389 élus, sur un total de 547 députés et sénateurs, ont voté pour le nouvel exécutif composé de technocrates, appelé à gérer le pays jusqu'aux prochaines élections législatives prévues fin 2016.
"La tâche du gouvernement sera difficile et, pour atteindre ses objectifs, il aura besoin d'un fort soutien du Parlement", a prévenu le chef de l'Etat conservateur Klaus Iohannis, peu avant la cérémonie d'investiture au palais présidentiel.
Dans son discours devant le Parlement, M. Ciolos, 46 ans, a promis d??uvrer pour renforcer le poids de la Roumanie au sein de l'UE et pour stimuler la croissance économique du pays, l'un des plus pauvres du bloc européen.
"Nous sommes confrontés à des défis majeurs dans l'UE", a-t-il déclaré, jugeant que le pays devrait "participer plus activement aux décisions stratégiques qui seront prises dans la période à venir".
Rendant hommage aux victimes de l'incendie d'une discothèque fin octobre à Bucarest, qui a fait 56 morts -surtout des jeunes- et provoqué la démission du gouvernement social-démocrate de Victor Ponta, il a estimé que la Roumanie traversait "un moment critique, où la confiance dans les institutions de l?État semble affaiblie".
Suite au drame, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Bucarest et d'autres grandes villes du pays pour crier leur ras le bol des élites politiques largement corrompues.
"Je vous assure du soutien inconditionnel du gouvernement en faveur de l'indépendance de la justice et de la lutte contre la corruption", a insisté M. Ciolos.
Sur le plan économique, il a plaidé pour une stabilité macroéconomique et un budget équilibré, deux éléments "essentiels pour poursuivre la croissance".
Le produit intérieur brut (PIB) de la Roumanie a progressé de 3,7% au cours des trois premiers trimestres de 2015, mais la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) ont mis en garde contre le risque d'une explosion du déficit public suite à l'allègement fiscal, doublé de hausses salariales, adopté par le gouvernement sortant.
- "Pas de chèque en blanc" -
"L'économie roumaine fait partie du marché commun européen et nous devons tenir compte de cette intégration", a souligné le Premier ministre désigné, promettant de respecter les engagements auprès de Bruxelles.
Il mise pour cela sur l'expérience en finance internationale d'Anca Paliu-Dragu, nommée grand argentier. Cette ancienne experte du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne devra notamment décider dans les prochains mois si la Roumanie, qui était sortie d'une grave crise économique grâce à un prêt d'urgence de 20 milliards d'euros du FMI et de l'UE, va négocier un nouvel accord avec les créditeurs internationaux.
Dans le nouveau gouvernement, les Affaires étrangères ont été confiées à un diplomate de carrière, Lazar Comanescu, tandis que le ministère de la Défense sera dirigé par un ancien ambassadeur auprès de l'UE, puis en Grande-Bretagne, Mihnea Motoc.
La nouvelle ministre de la Justice, un domaine également surveillé de près par Bruxelles, est Raluca Pruna, qui a pour sa part travaillé à la Commission.
Experts de l'administration européenne ou anciens dirigeants de grandes entreprises, les membres du nouveau gouvernement se retrouveront rapidement sous la loupe des élus, dont certains ont mal digéré leur mise à écart.
Le chef des sociaux-démocrates du Premier ministre sortant a ainsi assuré que son parti "surveillerait de près" l'action de l'exécutif.
"Notre vote en faveur du gouvernement n'équivaut pas à un chèque en blanc. Nous allons le soutenir uniquement tant qu'il poursuit les mesures que nous avions promues" a mis en garde Liviu Dragnea.
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