L'enjeu sportif du match amical Angleterre-France, mardi (21H00) à Londres, parait totalement dérisoire et secondaire après les attentats sanglants perpétrés à Paris et l'émotion sera à son paroxysme à Wembley où le public devrait rendre un vibrant hommage aux victimes.
Difficile de penser au football après les dramatiques événements de vendredi (129 morts, 352 blessés) mais l'accueil des Bleus dans le temple du football anglais devrait être à la hauteur de la gravité de la situation, avec notamment une "Marseillaise" qui promet de rester dans les annales et de donner la chair de poule.
Dès l'annonce du maintien de la rencontre par les Fédérations française (FFF) et anglaise (FA), samedi, il a été clair que l'instant serait unique et que les fans présents à Wembley viendraient avant tout pour communier avec leurs voisins français, laissant de côté les considérations strictement sportives.
"Nous profiterons de cette occasion pour afficher notre respect aux victimes et exprimer notre solidarité au peuple de France", a ainsi déclaré le président de la FA Greg Dyke, donnant le ton d'un match qui s'annonce forcément pas comme les autres.
La presse d'Outre-Manche a bien saisi le message, invitant les spectateurs londoniens à apprendre les paroles de l'hymne français et à l'entonner avant et pendant la rencontre. Frissons garantis.
- "Lass" Diarra endeuillé -
L'arche surplombant Wembley, le temple du football anglais, s'est elle déjà parée de bleu-blanc-rouge, comme tant d'autres monuments à travers le monde, et la devise de la République française (Liberté, Egalité, Fraternité) s'affiche sur la façade du stade.
Le match sera donc placé sous le signe du recueillement et l'aspect sportif, même à 7 mois de l'Euro-2016, logiquement relégué au second plan. D'autant que de nombreux joueurs français, encore sous le choc, restent dubitatifs à l'idée de disputer une rencontre dans ces circonstances exceptionnelles, des "doutes" confirmés par le capitaine et gardien Hugo Lloris lundi.
Ces réticences sont compréhensibles: le Stade de France, le terrain de jeu des Bleus, a clairement été pris pour cible vendredi par les terroristes, trois des explosions s'étant produites aux abords de l'enceinte durant la réception de l'Allemagne (2-0), et le but des kamikazes était bel et bien de "pénétrer" dans le SDF, a affirmé dimanche le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard.
Certains membres du groupe de Didier Deschamps ont également été directement touchés par les attentats. Lassana Diarra y a perdu sa cousine alors que la soeur d'Antoine Griezmann était présente au Bataclan, où le bilan provisoire fait état de 89 morts, mais a réussi à en sortir indemne.
Comment dès lors trouver les ressorts mentaux pour faire fi de ce lourd contexte?
- Trouver les mots -
"Je n'ai jamais eu de doute concernant la tenue du match, ça ne m'a jamais effleuré, même pas une seconde, a expliqué lundi le président de la FFF Noël Le Graët dans L'Equipe. Ca n'aurait pas été bien du tout de ne pas jouer. Il faut montrer que la vie continue, que le maillot représente quelque chose, que la France est toujours debout. Une fois sur le terrain, les joueurs sont des compétiteurs. Ils feront le maximum pour produire un beau spectacle".
Il n'empêche, en cas de défaillance des Bleus, qui restent sur 5 succès d'affilée dont un dernier très prometteur contre les champions du monde allemands, il faudra tout de même se montrer extrêmement indulgent.
Perfectionniste et les yeux rivés sur l'Euro, Deschamps devra trouver les mots justes pour que ses joueurs se libèrent de ce lourd contexte et bouclent l'année sur un résultat positif.
Le Championnat d'Europe approche à grands pas et il ne restera ensuite plus que deux rendez-vous en mars (Pays-Bas, Russie) avant la divulgation de la liste.
"On ne peut pas oublier, on a eu deux jours pour évacuer cette immense tristesse. Aujourd'hui, on est là et notre énergie doit être focalisée sur la préparation de ce match avec le plus de dignité et de sobriété possibles", a-t-il indiqué lundi, les traits tirés et particulièrement ému.
La première moitié de saison a dessiné les contours d'une équipe de France favorite de "son" Euro, capable aussi de résister aux tempêtes de l'affaire Benzema. En temps normal, l'Angleterre, qui a affiché ses limites vendredi en Espagne (2-0) et n'a plus battu les Bleus depuis 1997, serait donc largement dans les cordes des hommes de Deschamps. Mais personne ne leur en voudra d'avoir cette fois la tête ailleurs.
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