Israël a annoncé mardi l'interdiction d'une organisation islamique accusée d'inciter les Arabes israéliens et les Palestiniens à la violence en propageant des "mensonges" au sujet de l'esplanade des Mosquées, site sensible au coeur des violences récentes.
Cette mesure concerne la "branche nord" du Mouvement islamique en Israël, dont les locaux et ceux d'associations qui lui sont liées ont été perquisitionnés dans plusieurs villes durant la nuit de lundi à mardi, a annoncé la police.
"Toute personne qui appartient à cette organisation, ou toute personne qui lui fournit des services ou qui agit dans son cadre, commet désormais un délit passible d'une peine de prison", a affirmé le gouvernement israélien dans un communiqué.
Le chef de cette organisation, Raëd Salah, a dénoncé une mesure "injuste et inacceptable" et indiqué qu'il avait été convoqué avec deux autres responsables par la police à Haïfa.
M. Salah a récemment été condamné à 11 mois de prison ferme pour avoir appelé en 2007 "tout musulman et Arabe à venir en aide aux Palestiniens et à lancer une intifada islamique" pour l'esplanade des Mosquées, lieu sacré pour les musulmans et les juifs.
Lors des perquisitions dans les locaux de l'organisation et de 17 associations -notamment à Oum el-Fahem, la plus grande ville arabe israélienne-, de l'argent, des documents et des ordinateurs ont été saisis, selon la police. Tous leurs comptes bancaires ont été gelés.
Cette interdiction intervient alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est décidé à durcir la répression pour mettre fin à la flambée de violences qui a fait, depuis le 1er octobre, 83 morts côté palestinien -dont un Arabe israélien- et 12 côté israélien.
Israël a de nouveau recours aux démolitions de maisons de Palestiniens accusés d'être les auteurs d'attentats et refuse de restituer tous les corps des Palestiniens tués. Une loi prévoyant une peine minimale de trois ans de prison pour les lanceurs de pierres a également été votée.
L'interdiction de ce mouvement s'inscrit dans cette politique, même si une certaine accalmie est perceptible ces derniers temps à Jérusalem-Est, partie palestinienne occupée et annexée par Israël de la ville sainte.
- 'Campagne mensongère' -
L'organisation était depuis des mois dans le collimateur des autorités israéliennes.
Dans son communiqué, le gouvernement l'accuse de "mener depuis des années une campagne d'incitation à la violence mensongère sur le thème +La mosquée Al-Aqsa (sur l'esplanade des Mosquées) est en danger+ en accusant faussement Israël de () violer le statu quo (les règles qui régissent ce site)".
Le gouvernement affirme aussi qu'elle "collabore étroitement et en secret" avec les islamistes palestiniens du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et d'appartenir au "courant islamiste extrémiste du mouvement des Frères musulmans".
Selon le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, "l'Etat d'Israël doit () être à l'avant-garde dans la lutte contre l'islamisme extrémiste dont on a vu les émissaires massacrer des innocents à Paris, New York, Madrid et en Israël".
"Le Mouvement islamique, le Hamas, Daech (acronyme en arabe du groupe jihadiste Etat islamique) et d'autres organisations ont une idéologie commune à l'origine des attentats dans le monde et de la vague de terrorisme actuelle en Israël", a ajouté M. Erdan dans un communiqué.
Kamal Al Hatib, un dirigeant du mouvement interdit, a affirmé que son organisation avait condamné le "massacre commis" à Paris et s'opposait "aux positions de Daech".
Le Mouvement islamique en Israël était autrefois une seule et même mouvance promouvant l'islam chez les Arabes israéliens mais s'est scindé en deux entités distinctes dans les années 90. Seule la "branche sud" participe aujourd'hui aux institutions israéliennes.
La "branche nord" soutient notamment le mouvement des "mourabitoune", interdit en septembre par Israël. Ces "sentinelles" musulmanes venaient manifester - spontanément disaient-elles - aux portes de l'esplanade des Mosquées et leurs face-à-face avec des visiteurs juifs a régulièrement donné lieu à des heurts.
Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël. Citoyens israéliens, ils sont plus de 1,4 million (17,5% de la population).
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