Perquisitions tous azimuts, premières inculpations, identification de kamikazes: l'enquête s'accélère trois jours après les pires attentats jamais commis en France, qui s'est figée dans le recueillement en mémoire des victimes.
En Belgique, où ont séjourné plusieurs auteurs des attentats, la traque d'un suspect-clé, Salah Abdeslam, se poursuit malgré une importante opération policière à Bruxelles. Deux hommes, le propriétaire et le convoyeur d'une voiture contrôlée samedi à Cambrai dans laquelle Salah Abdeslam a pu se trouver, ont été inculpés, notamment pour "attentat terroriste", a annoncé la justice belge.
Côté français, les enquêteurs ont identifié deux assaillants supplémentaires. Cela porte à cinq sur sept le nombre de kamikazes morts identifiés.
Samy Amimour, 28 ans, originaire de Drancy en banlieue parisienne, est l'un des assaillants du Bataclan. Mis en examen en octobre 2012 pour un "projet de départ avorté vers le Yémen", il était parti en Syrie en septembre 2013 en violation de son contrôle judiciaire.
Le deuxième est un kamikaze du Stade de France à côté duquel un passeport syrien au nom d'Ahmad Al Mohammad, 25 ans, a été retrouvé. L'authenticité de ce passeport "reste à vérifier" mais les empreintes du kamikaze concordent avec "celles relevées lors d'un contrôle en Grèce en octobre 2015", a affirmé le procureur de Paris, François Molins.
Lundi à midi, la France s'est figée dans le silence et les larmes, en hommage aux 129 morts et 352 blessés des attentats qui ont frappé vendredi soir le Stade de France, la salle de spectacle du Bataclan et plusieurs bars et restaurants de la capitale.
Originaires de Paris, Nancy, Metz, Bordeaux, mais aussi du Chili, d'Algérie, d'Italie ou du Portugal, les victimes, souvent jeunes, s'appelaient Nicolas, Ciprian ou Halima et travaillaient comme profs, musicien, barman ou avocat. En tout des personnes de 19 nationalités ont été touchées.
- 'L'ennemi n'est pas hors d'atteinte' -
Place de la République, à Paris, des centaines de personnes leur ont rendu hommage, se tenant la main, le visage tourné vers la statue, sur laquelle un drap a été tendu: "Même pas peur". Durant trois soirées, lundi, mardi et mercredi, la Tour Eiffel brillera en bleu-blanc-rouge.
François Hollande, qui a observé la minute de silence à la Sorbonne, s'est adressé aux parlementaires réunis en Congrès à Versailles pour "rassembler la nation".
"Il nous faudra temps et patience" mais "l'ennemi n'est pas hors d'atteinte", a déclaré, solennel, le président, pour qui "la France n'est pas engagée dans "une guerre de civilisation", mais contre le "terrorisme jihadiste".
La veille, la France a bombardé massivement le fief de l'organisation Etat islamique (EI) à Raqa, dans le nord de la Syrie, riposte à la revendication des attentats par l'organisation jihadiste. Le président a décidé d'intensifier ces opérations.
Après un week-end de sidération, les Français ont retrouvé le chemin de l'école ou du travail.
"Mon fils ne voulait pas aller à l'école", a raconté lundi matin Ikrame à Montreuil (Seine-Saint-Denis). "Il a peur, on était au Stade de France vendredi soir. On s'est cachés dans les toilettes quand on nous a dit qu'il y avait eu des tirs."
Les musées, salles de spectacle et autres établissements culturels, fermés ce week-end, ont rouvert, avec une sécurité renforcée.
La France va "vivre longtemps" avec la menace terroriste et doit se préparer à de "nouvelles répliques", a prévenu le Premier ministre Manuel Valls.
- Brahim, Mohamed et Salah -
Depuis vendredi, 168 perquisitions administratives ont été menées dans les milieux islamistes, 104 assignations à résidence prononcées, 23 interpellations réalisées et 31 armes saisies, a annoncé le ministre de l'Intérieur. "Ce n'est qu'un début", a assuré Bernard Cazeneuve, promettant une "riposte implacable".
Les enquêteurs poursuivent leurs investigations sur les "trois équipes de terroristes" qui auraient, selon la justice, mené ces attaques.
Parmi les assaillants du Bataclan figure Omar Ismaïl Mostefaï, 29 ans. La Turquie avait alerté la France à son sujet à deux reprises en un an mais n'a reçu aucune réponse, selon un responsable turc.
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