François Hollande a entamé dimanche ses entretiens avec la classe politique, subissant une attaque frontale de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui ébranle ainsi "l'union sacrée" voulue par l'exécutif après les attentats de Paris.
A l'issue d'un entretien de plus d'une heure entre les deux hommes dimanche matin, l'ex-président, potentiel rival de M. Hollande pour 2017, a tiré à boulets rouges dans la cour de l'Elysée sur la politique de son successeur, à la fois sur les plans intérieur et international.
Il a notamment réclamé des "modifications drastiques" de la politique de sécurité, qui à ses yeux ne permet pas aux Français de se "sentir en sécurité", prônant également "une inflexion" de sa politique étrangère en Syrie.
M. Sarkozy a ainsi appelé son successeur à coopérer avec la Russie contre le groupe Etat islamique, alors que l'exécutif reproche à Moscou des frappes visant surtout à protéger le régime de Bachar Al-Assad.
Pourtant lui-même coutumier d'un langage martial, le président du Parti Les Républicains a été jusqu'à reprocher à l'actuel locataire de l'Elysée d'avoir employé le terme "guerre" contre le jihadisme, soulignant que ce n'est "pas un mot qu'on prononce au hasard, avec légèreté". L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a aussi récusé "l'idée d'être en guerre", car selon lui "c'est faire le jeu de l'ennemi".
La vigueur de ces critiques tranche avec l'unanimité de la classe politique ayant prévalu après les attentats de janvier.
Selon une source haut placée de son parti, M. Sarkozy aurait aussi envisagé de demander le report de la conférence internationale sur le climat, cheval de bataille de François Hollande depuis des mois, qui doit débuter le 30 novembre à Paris. Selon son entourage, M. Sarkozy a écarté cette hypothèse après avoir obtenu des "éléments de réponse" lors de son entrevue avec le chef de l'Etat.
Dans l'entourage de M. Hollande, on soulignait pourtant que l'entretien entre les deux hommes s'était déroulé sur "un ton extrêmement cordial, direct et républicain".
Lors de cette rencontre, le président a donné à M. Sarkozy "des informations sur ce qui s'est passé, ce que nous avons fait, et ce que nous allons faire", a-t-on souligné.
- 'Attentif à des propositions efficaces' -
Dans l'après-midi, M. Hollande recevra l'ensemble des représentants de la classe politique, avec le même "objectif de rechercher l'unité pour décider et agir", assure-t-on aussi, précisant que cette thématique sera "au coeur" du discours du président lundi devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles.
En ce premier des trois jours de deuil national en hommage des attentats (129 morts, 352 blessés) revendiqués par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), Manuel Valls a même appelé à "l'union sacrée" assurant que "le gouvernement sera très attentif" à "toutes les propositions efficaces".
A 15H00, François Hollande doit recevoir dans la salle des fêtes du Palais le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS), le président du Sénat Gérard Larcher (LR), ainsi que les présidents des groupes parlementaires et les responsables de leurs partis, comme le Premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis.
A partir de 17H00 viendra le tour des chefs d'organisations politiques n?ayant pas de groupe parlementaire. Il recevra successivement François Bayrou (MoDem), qui attend des changements pour s'adapter à la "nouvelle ère", puis Marine Le Pen (FN), pour qui "la France et les Français ne sont plus en sécurité", Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), et enfin Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).
Entre ces divers rendez-vous, M. Hollande ne manquera pas de poursuivre ses échanges diplomatiques, et de se tenir informé des derniers développements de l'enquête et la recherche d'éventuels complices aux sept kamikazes morts. Six membres de l'entourage familial de l'un d'entre eux, un Français de 29 ans, ont été placés en garde à vue.
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