Enième sonnerie au standard des urgences de l'hôpital Saint-Antoine, dans l'est de Paris: "Vous avez son nom ? Moi je ne l'ai pas ici. Essayez Cochin ou la Pitié. Là-bas aussi on a amené" --la standardiste s'interrompt, puis chuchote-- "des victimes".
Face à elle, une liste: les patients arrivés dans la nuit. Il y a les urgences habituelles, les petits bobos, quelques marginaux qui vont et viennent dans le hall et des victimes des attaques simultanées qui ont fait au moins 128 morts dans la capitale et à Saint-Denis, dont celle de la rue de Charonne, à quelques centaines de mètres.
Un astérisque près de leur nom permet de les distinguer.
Voilà des heures que la standardiste décroche, sans cesse, le combiné: toujours des proches qui cherchent des nouvelles.
"Tout à l'heure, elle s'est effondrée et s'est mise à pleurer", témoigne en salle d'attente Pascal de Matha, en désignant, d'un ?il discret, cette femme en blouse bleue, aux cheveux gris maladroitement maintenus par un élastique. "Elle disait +j'en peux plus+ Ses collègues sont venus la consoler."
Lui est venu accompagner un ami, victime d'une "infection de la vésicule biliaire". Devant la situation, son cas attendra. "J'espère que ce ne sera pas un dommage collatéral", soupire-t-il.
A ses côtés un homme et sa fille accompagnent une femme "choquée" par les attentats. Sinon, les urgences sont quasi-désertées ce samedi matin.
- 'On se repose cinq minutes' -
"Pour les proches des victimes, il n'y a pas de barrage, ils peuvent aller les voir", affirme Pascal de Matha, qui patiente depuis plus d'une heure. Il a notamment entendu parlé de deux victimes, dont une "blessée par balle à la jambe".
Le personnel médical, lui, se refuse à tout commentaire. Tout comme ceux de l'hôpital Cochin et de la Pitié-Salpêtrière, où il faut montrer patte blanche et ouvrir son sac pour pénétrer dans l'enceinte.
Vendredi soir, le plan blanc a été déclenché par l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), un dispositif de mobilisation maximale prévu pour les situations sanitaires d'urgence et de crise: plus de moyens humains et matériels pour faire face à l'afflux de patients ou de victimes.
Dans le sud de Paris, l'hôpital Georges-Pompidou, qui a lui aussi accueilli des victimes, en a évidemment bénéficié. Mais bien souvent, les volontaires se sont eux-mêmes manifestés.
"Je n'ai jamais vu autant de monde à l'hôpital, du coup, ça fonctionne bien", raconte Mehdi, un interne en chirurgie, qui souffle sur son gobelet de café entre deux interventions.
"Là, on se repose cinq minutes", explique-t-il, les traits tirés, aux côtés d'une jeune externe. "Je n'ai jamais été confronté à ça avant et une fois, ça suffira largement"
Dans la salle d'attente des urgences, l'unique écran de télévision, branché sur les chaînes d'information en continue hypnotise tous les regards.
A quelques mètres, c'est l'heure de la relève pour les infirmières. L'une d'entre elle termine son briefing: "Bon courage à ceux qui restent et merci aux autres !"
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