"Horreur", "carnage" et "scènes de guerre" : au moins 120 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées vendredi soir dans une série d'attaques terroristes sans précédent à Paris et près du Stade de France, avec pour la première fois en France des actions kamikazes, notamment dans la salle de spectacle du Bataclan.
Huit assaillants sont morts, dont sept en se faisant exploser.
Au Bataclan, où on dénombre des dizaines de victimes, "il y avait du sang partout, des cadavres partout", "on entendait hurler, tout le monde essayait de fuir, les gens se piétinaient? C'était l'enfer", ont relaté les premiers témoins.
L'ampleur de cette tragédie a placé la capitale dans un état de sidération, à un peu plus de deux semaines de l'ouverture de la conférence sur le climat (COP21) au Bourget, au nord de Paris, où sont attendus des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement.
Au total, au moins 120 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées, dont 80 grièvement, selon une source proche de l'enquête.
Le parquet a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste pour faire toute la lumière sur ces attaques, les plus meurtrières en Europe occidentale de ces quarante dernières années après les attentats de Madrid en mars 2004. L'enquête devra permettre de savoir s'il y a encore "des complices ou co-auteurs dans la nature", a dit le procureur de Paris François Molins.
"Cette fois, c'est la guerre", titre le quotidien Le Parisien paru samedi matin, dix mois après une précédente vague d'attentats à Paris.
Quatre des assaillants sont morts dans la salle de concerts du Bataclan, dont trois en actionnant une ceinture d'explosifs, le dernier étant tué lors de l'assaut des forces de l'ordre. Au Stade de France, trois kamikazes sont morts, et un autre boulevard Voltaire.
Au Bataclan, l'assaut a été décidé "très vite parce qu'ils tuaient tout le monde", a confié une source proche de l'enquête. Les auteurs présumés de cette attaque ont invoqué l'intervention française en Syrie pour justifier leur action, a relaté un témoin à l'AFP.
Samedi peu avant 05H00, des équipes de la police scientifique s'affairaient devant l'établissement, près de corps recouverts de draps blancs.
Le président François Hollande s'est rapidement rendu au Bataclan, dans le XIe arrondissement, où il a affirmé que "le combat serait impitoyable" contre "la barbarie".
Auparavant, dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat avait déclaré l'état d'urgence. "C'est une horreur", "des attaques terroristes sans précédent", a-t-il lancé. L'Elysée a ensuite annoncé la mobilisation de "1.500 militaires supplémentaires" et le renforcement des contrôles aux frontières.
- 'M. Tout-le-monde avec une kalachnikov' -
En tout, six attaques quasi-simultanées ont été menées dans autant de sites, principalement dans les Xe et XIe arrondissements au coeur de la capitale, avec de lourds bilans - toujours provisoires - en particulier boulevard de Charonne (19 morts) et rue Alibert (au moins 12 morts).
Les "assassins" ont "balayé avec des mitraillettes plusieurs terrasses de café", a déclaré le préfet de police, Michel Cadot.
Dès les attaques connues, les autorités ont recommandé aux Parisiens d'éviter de sortir sauf nécessité absolue et les hôpitaux ont déclenché leur plan d'urgence.
Au moins trois explosions ont retenti aux alentours du stade de France. Le public du match amical de football France-Allemagne, près de 80.000 personnes dont François Hollande, a été d'abord confiné puis évacué.
Au Bataclan, où avait lieu un concert de rock metal, "ils ont tiré en plein dans la foule en criant +Allah Akbar+", a rapporté un témoin sur France Info. "Je les ai clairement entendus dire aux otages +c'est la faute de Hollande, c'est la faute de votre président, il n'a pas à intervenir en Syrie+. Ils ont aussi parlé de l'Irak", a rapporté à l'AFP Pierre Janaszak, 35 ans, animateur radio et TV.
Un autre survivant a dit à l'AFP d'un des assaillants qu'il ressemblait "à M. Tout-le-monde avec une kalachnikov".
- 'C'était surréaliste' -
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