Il a grandi dans le même quartier, l'a soutenu même en prison. Acculé en garde à vue, Karim Benzema s'avoue "choqué" d'avoir été utilisé par son "ami" Karim Zenati comme intermédiaire pour faire chanter Mathieu Valbuena: "Je suis con quand je vois tout ça", souffle-t-il devant les enquêteurs.
Lorsqu'il pénètre le 5 novembre, capuche sur la tête, dans les locaux de la police judiciaire de Versailles, il sait qu'il va être entendu dans l'enquête sur le chantage à la "sex-tape". Les enquêteurs cherchent à déterminer si l'attaquant du Real Madrid s'est comporté en ami ou en maître chanteur lors d'une rencontre avec Valbuena le 5 octobre en marge du rassemblement de l'équipe de France à Clairefontaine (Yvelines).
Durant les premières heures de garde à vue, Benzema nie toute implication. Mais pour les enquêteurs qui ont en main plusieurs écoutes téléphoniques dont celle d'une conversation du 6 octobre avec Zenati au sujet de l'entrevue de Clairefontaine, Benzema "chique" -il ment, dans le jargon policier-, ont rapporté vendredi des sources proches du dossier à l'AFP.
Les policiers abattent une carte maîtresse: la retranscription de cette conversation dans laquelle le footballeur raconte sur un ton moqueur le "visage blanc" de son coéquipier "en panique" lorsqu'il lui dit avoir vu la "vidéo chaude", et tous les arguments qu'il a utilisés.
Lors de sa troisième audition au cours de cette garde à vue, les policiers lisent la retranscription. Karim Benzema demande à revenir sur ses déclarations précédentes. Et ses premiers mots sont pour Zenati, son ami d'enfance du quartier populaire du Terraillon à Bron (Rhône), connu de la justice pour un go-fast et le braquage de supérettes.
"Je suis embarrassé par rapport à mon ami Karim Zenati, parce que quand il est sorti de prison et même quand il était dedans, je me suis occupé de lui. Nous sommes vraiment très proches", confie Benzema.
- "Sans arrière-pensée" -
"J'ai bien eu une conversation avec Zenati, sur la manière d'aborder le sujet avec Mathieu Valbuena", poursuit-il. "Que Karim Zenati bénéficie de quelque chose derrière, c'était pas mon but, j'y ai pas pensé, je suis choqué, franchement, je suis con quand je vois tout ça", souffle-t-il aux policiers, assurant avoir agi "sans arrière-pensée".
Pour l'avocat du Madrilène, le ténor lyonnais Alain Jakubowicz, "ces déclarations montrent sa totale bonne foi, le fait qu'il n'a eu aucune intention malveillante". "Aujourd'hui je n'exclus pas que Karim Zenati ait pu avoir un double jeu, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas rendu service à Benzema", a-t-il déclaré vendredi à l'AFP.
Mais face aux enquêteurs, Benzema persiste et signe: "Zenati, c'est quelqu'un de sérieux et quelqu'un en qui j'ai confiance." Pas un mot de compassion lors de cette audition pour son coéquipier avec lequel il a partagé pourtant une quarantaine de sélections en équipe tricolore.
Alors, s'il a traité Valbuena de "tarlouze" dans une écoute téléphonique, c'est parce qu'il était "remonté" de voir son nom cité dans la presse, pensant que le joueur de l'OL l'"avait balancé".
Néanmoins, interrogé sur la question de Zenati lui demandant si Valbuena "va rien lâcher", Benzema dit l'avoir "interprétée comme le fait que Mathieu (lui) avait dit qu'il ne paierait pas", reconnaissant implicitement qu'il pouvait bien être question d'argent.
Interrogé par l'AFP, l'avocat de Mathieu Valbuena a "pris acte" de ces déclarations, précisant que son client réservait sa position à la juge d'instruction qui doit l'entendre prochainement. "Je m'interroge sur les intentions de Benzema, sur ce qu'il pensait faire", a dit Didier Domat.
En garde à vue, poussé par son avocat, Benzema tente de minimiser la portée des écoutes, se disant "un peu comédien", avec "parfois tendance à exagérer les choses".
Des déclarations qui n'ont pas convaincu la juge versaillaise, qui a mis en examen Zenati et Benzema, interdisant à ce dernier d'entrer en contact avec son coéquipier. Et c'est sans Valbuena et sans Benzema que les Bleus affrontaient vendredi soir l'Allemagne en match amical de préparation à l'Euro-2016.
Me Alain Jakubowicz a affirmé vendredi soir à Lyon qu'il déposerait plainte pour "violation du secret de l'instruction".
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