L'organisation non-gouvernementale ICCT qui a fait éclater le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a démenti vendredi auprès de l'AFP avoir été initialement informée de la tricherie par des fonctionnaires européens, comme l'affirme un hebdomadaire allemand.
"ICCT n'a jamais été informé par quiconque d'une possible tricherie sur des tests d'émissions et nous n'avons jamais conçu ou mené la moindre recherche pour trouver des logiciels truqueurs ou des preuves d'une tricherie", a déclaré un porte-parole de l'International Council of Clean Transportation.
Dans un article publié sur son site, l'hebdomadaire économique allemand WirtschaftsWoche affirme que cette ONG avait été informée de la supercherie par des fonctionnaires européens qui étaient "frustrés de l'inaction de la Commission" et souhaitaient faire éclater le scandale.
- "confusion" -
Le magazine s'appuie notamment sur des déclarations de la patronne de l'agence californienne de protection de l'environnement (Carb) qui a mis au jour, avec l'agence fédérale EPA, la présence de logiciels faussant le résultat de tests d'émission d'oxydes d'azote (NOx) dans des voitures diesel du groupe VW.
"Ce sont des fonctionnaires de l'administration de l'UE qui ont alerté l'organisation environnementale américaine ICCT sur de possibles tricheries aux émissions d'oxydes d'azote", aurait déclaré Mary Nichols à l'hebdomadaire allemand.
Contactée par l'AFP, la Carb a toutefois assuré que cette citation était "inexacte" et a soutenu qu'elle n'avait jamais évoqué spécifiquement le cas de VW avec les autorités européennes.
"Nous discutions avec nos partenaires de l'UE sur des sujets d'intérêt mutuel, notamment les émissions de voitures diesel et à essence lors de tests en laboratoires. Mais le cas de VW n'a jamais été abordé dans les discussions", a déclaré David Clegern, un porte-parole de l'agence californienne, dans un courriel.
Selon le magazine allemand, la Commission européenne était par ailleurs au courant depuis 2011 de manipulations dans les mesures d'émissions chez plusieurs constructeurs automobiles, l'un d'entre eux ayant prévenu les services du commissaire à l'Industrie de l'époque, l'Italien Antonio Tajani.
Selon le porte-parole de l'ICCT, il semble y avoir "une confusion" entre le niveau élevé de NOx émis par des voitures diesel, qui était connu par la Commission européenne depuis 2011, et la présence de logiciels truqueurs dans des voitures VW, qui n'a été découverte par les autorités américaines qu'après 2014.
"L'article prête à confusion", a également observé une source proche de la Commission à Bruxelles, soulignant que dans la lettre adressée à M. Tajani en 2011 l'avertissement portait sur la pression des pneus (modifiée pour aider à passer les tests) et non sur la présence de logiciels de trucage.
La Commission a indiqué à plusieurs reprises qu'elle était au courant du concept de logiciels truqueurs mais qu'elle n'a jamais constaté de fraudes. Quant aux divergences entre les mesures d'émissions pendant les tests de laboratoire et en conduite, elle a décidé d'y remédier en imposant des tests en condition réelle de conduite.
C'est par le truchement de l'ICCT, qui a fait effectuer une série de mesures puis prévenu les autorités américaines compétentes, que le scandale a éclaté aux Etats-Unis en septembre dernier.
Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de moteurs diesel de logiciels truqueurs dans le monde afin de dissimuler le niveau réel de rejet de NOx.
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