Les Etats-Unis ont probablement tué dans un bombardement jeudi le bourreau britannique du groupe Etat islamique (EI) "Jihadi John", que l'on voit dans plusieurs vidéos de décapitations d'otages occidentaux et qui était devenu emblématique de la cruauté de l'organisation jihadiste.
"Nous sommes raisonnablement certains d'avoir tué la cible que nous visions, qui est Jihadi John", de son vrai nom Mohammed Emwazi, même si "cela prendra du temps () pour formellement (le) prouver", a déclaré vendredi un porte-parole de l'armée américaine, dans une vidéoconférence depuis Bagdad.
"C'est certainement un coup significatif pour le prestige" de l'EI mais "il n'était pas un personnage important" dans l'organisation opérationnelle, a-t-il ajouté.
Le jihadiste, un programmeur informatique de Londres né au Koweït en 1988 d'une famille apatride d'origine irakienne, était "un animal humain", a-t-il estimé.
"Jihadi John" était devenu l'incarnation de la cruauté du groupe EI, s'affichant dans plusieurs vidéos de décapitations de prisonniers occidentaux, toujours vêtu de noir, masqué et couteau à la main.
Un ancien prisonnier l'avait qualifié de "type froid, sadique et impitoyable".
Des responsables militaires cités par des médias britanniques et américains avaient auparavant affirmé que le raid avait très vraisemblablement éliminé le jihadiste. Mais le Premier ministre britannique David Cameron, était resté prudent assurant ne pas être "encore certain" de sa mort.
- 'Maigre consolation' -
La mort du jihadiste sera "une maigre consolation", ont réagi dans un communiqué les parents du journaliste James Foley, car elle "ne ramènera pas" vivant leur fils, décapité dans une vidéo où apparaît "Jihadi John".
"Sa mort ne ramènera pas Jim. Si seulement autant d'efforts avaient été faits pour retrouver et sauver Jim et les autres otages, qui ont été ensuite exécutés par le groupe EI, ils seraient sans doute vivants aujourd'hui", soulignent Diane et John Foley, qui avaient contesté la stratégie du gouvernement américain sur les otages.
A Londres, David Cameron a qualifié devant la presse la frappe américaine "d'acte d'auto-défense", affirmant que "c'était la bonne chose à faire" et que Britanniques et Américains avaient travaillé ensemble pour "débusquer" le jihadiste.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Tunis avait indiqué que Washington continuait à "évaluer les résultats" de la frappe mais que "les terroristes associés à Daech (un acronyme en arabe de l'EI) doivent savoir ceci: vos jours sont comptés et vous serez vaincus".
Le bombardement a eu lieu jeudi soir à Raqa, capitale de facto de l'organisation extrémiste sunnite, responsable d'atrocités et forte de dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), a indiqué que jeudi peu avant minuit "un appareil a visé une voiture circulant dans le centre de Raqa, tuant ses quatre passagers dont un important membre britannique de l'EI". Il n'a pas pu confirmer dans l'immédiat qu'il s'agissait d'Emwazi.
- 'Exécution extra-judiciaire' -
La dernière apparition de "Jihadi John" remonte à une vidéo du 31 janvier montrant l'exécution d'un Japonais.
Emwazi a participé à des vidéos montrant les meurtres des journalistes américains Steven Sotloff et James Foley, du travailleur humanitaire américain Abdel-Rahman Kassig, des humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning, du journaliste japonais Kenji Goto et d'un certain nombre d'autres otages, a rappelé le Pentagone.
L'annonce du raid a été saluée par Stuart Henning, neveu d'Alan Henning. "J'éprouve des sentiments mélangés. Parce que je voulais que le lâche qui se cachait derrière le masque souffre comme ont souffert Alan et ses amis. Mais dans le même temps, je me réjouis de sa destruction", a-t-il tweeté.
La soeur de Steven Sotloff, a également estimé que "Jihadi John" aurait "dû être décapité lui aussi et aurait dû souffrir". "Mais au moins il est mort", a-t-elle écrit sur sa page Facebook, bien que "cela ne change pas les choses".
L'organisation de défense des droits des musulmans basée à Londres Cage a réaffirmé sa condamnation des "exécutions extra-judiciaires". "Emwazi aurait dû être jugé comme criminel de guerre", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.