Le raid américain qui a visé jeudi le bourreau britannique du groupe Etat islamique (EI) "Jihadi John" était un "acte d'auto-défense", a déclaré vendredi le Premier ministre David Cameron, ajoutant prudemment ne pas être "encore certain" de la mort du jihadiste.
"Nous ne sommes pas encore certains que la frappe a été un succès", a dit David Cameron devant la presse. Il l'a qualifiée "d'acte d'auto-défense", affirmant que "c'était la bonne chose à faire" et que Britanniques et Américains avaient travaillé ensemble pour "débusquer" le jihadiste, qui s'est affiché sur des vidéos montrant l'exécution d'otages occidentaux.
"Nous continuons d'évaluer les résultats de cette frappe", a déclaré de son côté le secrétaire d'Etat américain John Kerry à Tunis. "Mais les terroristes associés à Daech (un acronyme en arabe de l'EI) doivent savoir ceci: vos jours sont comptés et vous serez vaincus", a-t-il ajouté.
Selon des responsables militaires cités par des médias britanniques et américains, le raid a très vraisemblablement éliminé Mohammed Emwazi, de son vrai nom, dont la dernière apparition remonte à une vidéo du 31 janvier montrant l'exécution d'un Japonais.
"Nous sommes sûrs à 99% de l'avoir eu", a déclaré un haut responsable militaire américain cité par Fox News, tandis qu'un autre responsable cité par la BBC jugeait avec "un haut degré de certitude" que "Jihadi John" a été tué.
-"Je me réjouis de sa destruction"-
Selon le Pentagone, le bombardement a eu lieu jeudi soir à Raqa, capitale de facto de l'organisation extrémiste sunnite, responsable d'atrocités et forte de dizaines de milliers de combattants dont de nombreux étrangers, et qui occupe la moitié du territoire syrien.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), a indiqué que jeudi peu avant minuit "un appareil a visé une voiture circulant dans le centre de Raqa, tuant ses quatre passagers dont un important membre britannique de l'EI". Il n'a pas pu confirmer dans l'immédiat qu'il s'agissait d'Emwazi.
Selon le Pentagone, Emwazi "a pris part aux vidéos montrant les meurtres des journalistes américains Steven Sotloff et James Foley, du travailleur humanitaire américain Abdel-Rahman Kassig, des humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning, du journaliste japonais Kenji Goto et d'un certain nombre d'autres otages".
L'annonce du raid a été saluée par Stuart Henning, neveu d'Alan Henning. "J'éprouve des sentiments mélangés. Parce que je voulais que le lâche qui se cachait derrière le masque souffre comme ont souffert Alan et ses amis. Mais dans le même temps, je me réjouis de sa destruction", a-t-il tweeté.
Pour la mère de James Foley, si la mort d'Emwazi est confirmée, ce serait "une bien mince consolation pour nous". "Quel effort énorme mené pour poursuivre cet homme dérangé et rempli de haine alors qu'ils n'ont pas déployé la moitié de cet effort pour sauver les otages quand ces jeunes Américains étaient encore vivants!", a-t-elle dénoncé sur la chaîne ABC.
L'organisation de défense des droits des musulmans basée à Londres Cage a réaffirmé sa condamnation des "exécutions extra-judiciaires". "Emwazi aurait dû être jugé comme criminel de guerre", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Mohammed Emwazi, un programmeur informatique de Londres, est né au Koweït en 1988 d'une famille apatride d'origine irakienne. Ses parents avaient déménagé en Grande-Bretagne en 1993.
Sa disparition constituerait un revers pour la machine de propagande de l'EI. "Symboliquement, c'est vraiment important", a souligné l'expert londonien Charlie Winter. "Cela enverra un message à l'EI et aux personnes qui voudraient le rejoindre".
"Tactiquement, cela ne va pas vraiment changer quoi que ce soit pour le groupe (EI)", a tempéré Raffaello Pantucci, de l'institut londonien de recherches RUSI.
-'Sadique, impitoyable'-
L'EI contrôle de vastes territoires en Syrie, déchirée depuis 2011 par un conflit qui a fait plus de 250.000 morts, et en Irak. Mais le groupe jihadiste a reculé dernièrement, attaqué dans les deux pays par les armées nationales et pilonné par les aviations russe (en Syrie) et de la coalition internationale menée par les Etats-Unis (en Syrie et en Irak).
Les forces kurdes irakiennes ont ainsi annoncé vendredi avoir repris Sinjar, une ville du nord de l'Irak près de la frontière syrienne tenue depuis plus d'un an par l'EI.
"Jihadi John" était devenu l'incarnation de la cruauté du groupe EI, s'affichant dans plusieurs vidéos de décapitations de prisonniers occidentaux, toujours vêtu de noir, masqué et couteau à la main.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.