Les Français sont inquiets du terrorisme et victimes plus qu'avant de violences: tels sont les enseignements de l'enquête 2015 de victimation consistant à sonder leur vécu - ou non - de l'insécurité, un sujet toujours très sensible en période électorale.
L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et l'Insee ont rendu publique vendredi, lors d'une conférence de presse, leur neuvième enquête annuelle de "victimation" portant sur l'année 2014.
Elle consiste à interroger individuellement les Français sur les faits de délinquance dont ils disent avoir été victimes. Elle se veut, selon leurs instigateurs, le "reflet exact" de l'insécurité, ressentie, ou non, par la population. Plus de 15.000 personnes âgées de 14 ans et plus ont été interrogées et, comme de coutume, les résultats tranchent singulièrement avec les statistiques officielles.
Ils montrent également que les Français ne portent pas systématiquement plainte pour des faits de violences par exemple.
A quelques semaines des régionales, le cru 2015 réserve une surprise qui risque de relancer le débat sécuritaire toujours vivace en France.
"Pour la première fois depuis le début de la décennie 2010", le nombre de personnes adultes disant avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles, en 2014, "est supérieur à deux millions", observe l'ONDRP sans pouvoir y trouver d'explication rationnelle.
Ce "seuil", encore jamais franchi, est dû au nombre de femmes qui ont dit aux enquêteurs de l'Insee et de l'observatoire avoir été victimes de violences physiques pour lesquelles, le taux de plainte est souvent très bas (de l'ordre de 25%). Quelque 860.000 femmes se disaient victimes de violences lors de l'enquête précédente, plus d'un million cette année.
- 1.500 cambriolages par jour -
Ces violences "aux personnes" avaient considérablement diminué au fil des ans selon les chiffres officiels de la délinquance de la police et de la gendarmerie se basant sur les plaintes effectives des Français. Elles constituaient un "point noir" au début des années 2000 et étaient l'objet de passes d'armes récurrentes entre gouvernements de droite et opposition.
"Les femmes sont des cibles beaucoup plus privilégiées en matière de violences", a commenté Christophe Soullez, criminologue et chef de l'ONDRP, "que ce soit dans la rue et dans le ménage et pas forcément toujours de la part du conjoint".
Le nombre de ménages déclarant avoir été victimes de cambriolages de leur résidence principale est par ailleurs toujours à un niveau élevé mais plutôt stable "depuis 2011": 568.000 ménages se déclarent victimes, soit plus de 1.500 cambriolages en moyenne par jour en France (1.600 lors de la dernière enquête de victimation).
Il avait été en forte hausse durant trois ans et le gouvernement, attaqué sur ce point par la droite, avait lancé un plan en 2013 qui, selon lui, a porté ses fruits.
En 2014, relève encore l'étude, les vols avec violences sont, eux, au niveau "le plus faible jamais observé" (moins de 180.000 victimes) et le nombre de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles par conjoint (400.000) "stable".
Interrogés sur les "problèmes les plus préoccupants dans la société" actuellement, les Français mettent - pour la première fois également - en second le terrorisme (17,7%) derrière le chômage (38,3%).
La crainte du terrorisme n'avait jusque là jamais dépassé 5%. L'ONDRP avance à cet égard une explication: les questions ont été posées au début de l'année, en pleine période des attentats de janvier 2015 en France.
Le sentiment d?insécurité des sondés, enfin, reste "stable" bien que toujours "élevé", selon l'ONDRP: un peu plus de 21% dans leur quartier, un peu moins de 17% chez eux.
Pour les responsables de l'ONDRP, "la délinquance n'explose pas en France: on vole de moins en moins de voitures, on tue aussi de moins en moins". Il "faut se méfier des idées reçues".
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