Mofiz Uddin s'est résolu en 2011 à former une équipe féminine de football dans son village du Bangladesh, lassé des échecs à répétition de son équipe masculine. Moins de cinq ans plus tard, les jeunes femmes ont remporté tous les tournois nationaux.
Elles sont devenues de petites célébrités dans ce pays conservateur à majorité musulmane.
Mais pour y parvenir, ces jeunes femmes ont dû surmonter l'opposition de leurs parents et les préjugés d'une société où le mariage des enfants est encore très répandu et où les filles ne peuvent guère pratiquer de sport.
"Ces filles sont des héroïnes", dit à l'AFP Akbar Ali, un villageois de 70 ans venu assister à l'entraînement des filles à Kolsindur, village proche de la frontière avec l'Inde.
"Elles nous ont apporté beaucoup de reconnaissance. Kolsindur est désormais un village connu dans le pays grâce à elles", dit Ali, présent parmi une petite foule de spectateurs répartie autour du terrain.
Plus d'une dizaine de ces joueuses ont déjà été sélectionnées dans l'équipe nationale féminine, dont Tahura Khatun, une attaquante de 12 ans surnommée "la Messi de Kolsindur".
La jeune fille habite une maison en terre avec ses cinq frères et s?urs, ses parents, deux oncles et un grand-père. Elle explique qu'elle aurait renoncé à jouer sans le soutien de son entraîneur et de ses professeurs.
Mais la famille de Tahura ne veut pas qu'elle joue maintenant qu'elle a atteint de ce qu'ils considèrent être "l'âge adulte".
De nombreuses filles au Bangladesh sont mariées avant 13 ans et le grand-père de Tahura craint que sa passion ne l'empêche de trouver un bon mari.
L'une de ses coéquipières, la milieu de terrain Ruma Akhter, a raccroché ses crampons à 13 ans après que son père eut estimé qu'elle déshonorait sa famille.
Mais Tahura n'entend pas lâcher prise. "Je veux que les gens me reconnaissent pour mon talent et mon travail", dit-elle à l'AFP. "Je ne veux pas devenir une femme au foyer comme ma mère et devoir dépendre de la bonne volonté de mon mari".
- 'Un sport de garçons' -
Les filles ont commencé à jouer sur un terrain constellé de bouses et où broutait du bétail.
Elles devaient s'entraîner pieds nus faute de pouvoir acheter des crampons coûtant un mois de salaire pour la plupart de leurs familles.
Les longues kurtas traditionnelles portées par les jeunes Bangladaises étaient en outre bien encombrantes pour courir après un ballon, mais initialement elles n'avaient guère de choix.
"Les parents n'aimaient pas voir leur fille en short jouer au foot devant des hommes du village", dit l'entraîneur Uddin à l'AFP. "Certains se demandaient pourquoi les filles devaient pratiquer un sport de garçons".
Maintenant, elles évoluent en short et maillot, et nombre de villageois qui se moquaient de leur +demi-pantalon+ ont revu leur jugement.
Ils rassemblent des fonds avant chaque tournoi important et certains, dont Ali, voyagent même avec elles pour les encourager.
Le mois dernier, le ministre adjoint des Sports, Arif Khan, leur a promis 12.500 dollars pour la construction d'un vrai terrain. "Elles réussissent vraiment bien malgré la pauvreté", a dit Khan, ancien capitaine de l'équipe nationale de football.
- 'Je ne m'arrêterai jamais de jouer' -
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