La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) doit décider vendredi d'une éventuelle suspension pour une durée indéterminée de la Russie, accusée de "dopage organisé" par l'Agence mondiale antidopage (AMA), une décision lourde de conséquences à neuf mois des jeux Olympiques de Rio.
La réunion du conseil de l'IAAF, le gouvernement de l'instance, doit débuter à 19H00 à Monaco, où une visioconférence entre les 27 responsables est programmée.
Que peut faire l'IAAF? Depuis les révélations de l'enquête indépendante de l'AMA lundi, la Russie est pointée du doigt, accusée de toutes parts d'avoir mis sur pied un programme institutionnalisé de dopage dans l'atlétisme ayant "saboté" les jeux Olympiques de Londres en 2012.
Plus grave encore: à ce dopage établi se mêlent des accusations de corruption qui ont gangréné l'athlétisme jusqu'au sommet, comme le suggère la mise en examen par la justice française de l'ancien président de l'IAAF, le Sénégalais Lamine Diack, soupçonné d'avoir couvert des cas de dopage en Russie moyennant finances.
D'abord droite dans ses bottes, la Russie a infléchi son discours ces deux derniers jours devant l'ampleur du scandale, espérant la clémence des dirigeants de la Fédération internationale d'athlétisme.
Jeudi, à 24 heures du vote décisif, le camp russe a joué son va-tout en répondant à l'ultimatum de l'IAAF, qui l'avait sommé de répondre aux interrogations nées de ces révélations sans précédent.
"Nous venons tout juste d'envoyer le rapport", a affirmé jeudi soir le président par intérim de la Fédération russe, Vadim Zelitchenok, cité par l'agence Tass. Un geste conciliant, même si le contenu de la réponse reste flou: "Nous l'avons rédigée afin de prouver notre innocence. Combien de pages fait-elle? Une ou cent, cela n'a pas d'importance", a-t-il laconiquement expliqué à l'agence R-Sport.
- Poutine joue l'apaisement -
Dans son rapport, l'Agence mondiale antidopage a été très claire: la Russie doit être suspendue de toute compétition en athlétisme, dont les JO-2016 de Rio de Janeiro (Brésil), en raison de cas de dopage qui n'auraient "pas pu exister" sans l'assentiment du gouvernement.
Depuis Sotchi (Russie), mercredi, le président russe Vladimir Poutine a joué l'apaisement, demandant une enquête interne et préconisant des sanctions personnalisées plutôt que collectives.
"Les athlètes qui n'ont jamais touché au dopage ne doivent pas pâtir pour ceux qui enfreignent quelque chose", a insisté le chef du Kremlin, qui a fait du sport une de ses priorités stratégiques pour le rayonnement de la Russie à l'étranger.
Aux déclarations volontaristes se sont ajoutés des actes, avec la démission du directeur du laboratoire antidopage de Moscou, lourdement accusé par l'AMA, notamment pour avoir détruit 1.417 échantillons suspicieux.
Le ministre des Sports russe Vitaly Moutko a même émis l'idée de nommer un "spécialiste étranger" à la tête du laboratoire, une proposition d'ouverture jamais vue dans le monde sportif russe.
Frapper les seuls fautifs avérés ou taper du poing sur la table en sanctionnant un système: c'est tout l'enjeu du vote de l'IAAF, très attendu.
Car la Russie est depuis toujours une nation majeure de l'athlétisme, sport olympique N°1. Mais un tel niveau de tricherie n'avait plus été vu depuis le dopage institutionnalisé mis en place du temps du bloc soviétique, notamment en RDA.
Elu en août à la tête de l'IAAF, le Britannique Sebastian Coe avait promis une "tolérance zéro" sur le dopage.
Dans ce contexte, l'option la plus probable reste une suspension provisoire de la Russie, afin que tous les responsables de ce sport, coupables comme innocents, aient le temps de rentrer dans le rang ou d'insuffler un nouvel état d'esprit, si près des jeux Olympiques.
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