Le Liban va observer vendredi une journée de deuil national après un double attentat ayant fait au moins 41 morts contre un fief du Hezbollah chiite au sud de Beyrouth, revendiqué par le groupe jihadiste sunnite Etat islamique (EI).
Les deux organisations se font la guerre en Syrie voisine, déchirée par un conflit de plus en plus complexe qui a fait depuis 2011 plus de 250.000 morts.
L'attaque jeudi en banlieue sud de la capitale libanaise, qui a aussi fait près de 200 blessés, est la plus sanglante contre un bastion du Hezbollah depuis son implication début 2013 dans le conflit en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, et l'une des plus meurtrières au Liban depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
De nombreux blessés sont dans un état critique, selon le ministre de la Santé Waël Abou Faour.
Jeudi en fin d'après-midi, deux hommes ont successivement fait détoner leurs ceintures explosives dans une rue commerçante bondée du quartier de Bourj al-Barajné, selon l'armée. Un troisième "terroriste" qui n'a pu faire exploser sa ceinture a été retrouvé mort, a-t-elle ajouté.
Un photographe de l'AFP a vu des corps ensanglantés dans des magasins pulvérisés et des flaques de sang au milieu de voitures détruites par les explosions.
Le bilan n'a cessé de s'alourdir, la Croix-Rouge libanaise faisant état dans un dernier bilan provisoire de 41 morts et 181 blessés.
La double attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste EI qui a, dans un communiqué, parlé de deux attaques mais d'un seul kamikaze.
- "La fin du monde" -
"Des soldats du califat ont réussi à faire exploser une motocyclette piégée garée contre un rassemblement de 'rafida'", terme péjoratif désignant les chiites, et "après que des apostats sont accourus sur les lieux, un des chevaliers du martyre a fait détoner sa ceinture explosive au milieu du groupe", a affirmé l'EI.
La revendication n'a pu être authentifiée, mais le texte est conforme au format habituel des revendications du groupe extrémiste.
Il s'agit du premier attentat contre un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth depuis juin 2014, lorsqu'un agent de sécurité avait été tué en empêchant une attaque. Auparavant, une série d'attaques avaient endeuillé d'autres fiefs du Hezbollah au Liban.
"Je venais d'arriver dans la rue quand l'explosion a eu lieu. J'ai transporté moi-même trois femmes et un de mes amis morts" dans les attaques, a déclaré un témoin, Zein al-Abdine Khaddam à une télévision locale.
Un autre témoin, qui n'a pas donné son nom, a lancé: "Quand la seconde explosion s'est produite, j'ai cru que c'était la fin du monde".
- "Acte abject" -
Le président français François Hollande a exprimé son "effroi" et son "indignation", dénonçant un "acte abject". Washington a également condamné le double attentat-suicide, évoquant des "actes terroristes horribles".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a parlé "d'acte méprisable" et appelé les Libanais à "continuer de travailler à préserver la sécurité et la stabilité" du pays.
Entre juillet 2013 et février 2014, il y a eu neuf attaques contre les fiefs du Hezbollah ou des régions fidèles à ce mouvement, la plupart revendiquées par des groupes extrémistes sunnites.
Ceux-ci avaient présenté leurs attaques comme une "vengeance" à la décision du Hezbollah d'envoyer des milliers de ses hommes combattre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad contre les rebelles et les jihadistes, en grande majorité des sunnites.
Il y a moins d'un mois, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait de nouveau défendu son combat en Syrie auprès du régime Assad, en parlant d'"une bataille essentielle et décisive".
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