Pour le ministre des Finances Michel Sapin, le chiffre de la croissance au troisième trimestre est une bonne nouvelle pour l'économie française, qui devrait voir son PIB augmenter de 1,1% au minimum en 2015, soit "le plus haut niveau atteint depuis quatre ans".
Question: La croissance selon l'Insee a atteint 0,3% en France au troisième trimestre. C'est un résultat conforme à vos attentes?
Réponse: "Ce chiffre de 0,3% indique que la croissance pour 2015 sera au minimum de 1,1%. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon l'acquis de croissance. C'est un résultat supérieur à l'hypothèse de 1% sur laquelle nous avons construit le budget, ce qui est une bonne chose. Je souhaitais fixer des hypothèses pouvant être dépassées par la réalité plutôt que des objectifs à chaque fois remis en cause par les résultats, comme nous l'avons trop connu par le passé."
Q.: La France pourra-t-elle au final faire mieux que ce 1,1% de croissance désormais attendu?
R.: "1,1%, c'est le plus haut niveau atteint depuis quatre ans. Nous sommes sortis de cette trop longue période de croissance extrêmement faible, extrêmement poussive, et nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Cela présage, sans pour autant que ce soit une certitude, une croissance plus élevée pour l'année prochaine. Notre hypothèse, vous le savez, est de 1,5%. Elle est rendue d'autant plus crédible que nous avons ce chiffre de croissance cette année".
Q.: Plusieurs sujets fiscaux ont fait polémique ces derniers jours, notamment sur les impôts locaux des retraités. Y a-t-il eu un manque d'anticipation de Bercy sur ce sujet?
R.: "La première des anticipations manquées, c'est celle du législateur de 2008, qui a voté des dispositions sans en tirer les conséquences. C'est de la responsabilité de nos prédecesseurs. Pour le reste, nous avions identifié cette question. Elle avait fait l'objet d'un débat au Parlement, un premier amendement avait été adopté et le gouvernement avait déclaré qu'il y consacrerait la totalité du surplus de recettes dû à l'évolution de la fiscalité du gazole et de l'essence. Après, comme dans tout débat politique, il peut y avoir des emballements. Mais aujourd'hui il y a une réponse. Et cette réponse est pérenne. Nous avons voulu anticiper les problèmes à venir pour ces catégories comme pour toute autre catégorie qui y serait confrontée."
Q.: L'amendement Ayrault sur la CSG a été voté hier malgré les réserves exprimées par le gouvernement. Vous allez donc le mettre en oeuvre à contre-c?ur?
R.: "Il y a un objectif qui est parfaitement compréhensible, et auquel nous pouvons adhérer à deux conditions. La première, c'est qu'il ne s'agisse pas de fusionner l'impôt sur le revenu et de la CSG, ce qui pourrait avoir des conséquences graves pour les foyers aux revenus moyens et supérieurs. L'amendement a d'ailleurs été corrigé sur ce point. Nous sommes dans une période de baisse d'impôt et aucun message allant dans le sens inverse ne peut être accepté. La deuxième condition, c'est sa faisabilité technique et juridique. Les auteurs de l'amendement ont reconnu eux-mêmes en séance qu'il y avait des imperfections qui devraient être corrigées. Si l'amendement est jugé constitutionnel, le travail continuera donc, pour anticiper les difficultés qu'il pourrait poser".
Q.: L'Assemblée a également voté hier un amendement obligeant les grandes entreprises à détailler leurs bénéfices pays par pays. Mais certains regrettent que ces informations ne soient pas rendues publiques à tout un chacun
R.: "Nul ne se rend compte du chemin parcouru, qui est absolument gigantesque. Il y a encore trois ans, c'était le chacun pour soi, la concurrence fiscale effrénée. On est aujourd'hui rentrés dans une coopération extrêmement précise, qui va permettre de mettre fin à des situations parfaitement anormales, où des entreprises, par roublardise fiscale, finissent par faire d'énormes bénéfices dans un certain nombre de pays sans payer d'impôt nulle part. Ca, ça n'est plus possible. Après il y a une préoccupation qui s'exprime, en particulier au niveau européen, sur la publicité de ces données. Ce n'est pas une préoccupation anormale. Mais on ne lutte pas contre l'optimisation fiscale tout seul dans son coin. Si au niveau européen les choses évoluaient au cours de 2016, la France évoluera au même rythme que les autres."
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