Les Européens ont lancé jeudi un fonds pour aider l'Afrique à lutter contre les "causes profondes" des migrations, lors d'un sommet à Malte, où des pays africains se sont agacés de l'insistance européenne pour renvoyer chez eux davantage de migrants irréguliers.
Le sommet de la Valette, qui a réuni pendant deux jours une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement des deux continents, s'est conclu jeudi par l'adoption d'un plan d'action commun, listant des initiatives à mettre en oeuvre rapidement.
Dans ses discussions avec les pays africains, l'UE a déjà mis sur la table 1,8 milliard d'euros, pour financer des projets destinés à freiner les arrivées d'Africains sur le vieux continent. Mais elle exhorte les Etats membres à apporter en plus leur propres contributions pour doubler la mise.
Or, on est encore loin du compte. Les promesses des pays européens n'ont atteint qu'un total de quelque 78 millions d'euros, selon un décompte de la Commission.
C'est "loin d'être suffisant", a estimé jeudi le président nigérien Mahamadou Issoufou, reflétant l'opinion de plusieurs de ses homologues.
En dépit de l'hiver qui approche, le flux de migrants vers l'Europe ne faiblit pas et a conduit mercredi la Slovénie à installer des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait qu'elle rétablissait des contrôles à ses frontières, dans l'espoir là aussi de freiner les arrivées.
"Il ne s'agit pas d'une barrière () mais nous devons être sûrs que nous avons des contrôles" aux frontières, a assuré jeudi à Malte le Premier ministre suédois, Stefan Lovfen.
"Sauver Schengen", les accords qui régissent la libre-circulation dans l'UE, "est une course contre la montre et nous sommes déterminés à la gagner", a souligné de son côté Donald Tusk, le président du Conseil européen (qui réunit les chefs d'Etat ou de gouvernement des Etats de l'UE).
- Plan d'action -
Dans une déclaration politique commune, Européens et Africains se sont engagés jeudi à "gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects".
Cela n'a pas empêché certains dirigeants africains d'être agacés par la pression de l'UE sur l'Afrique. Les migrants africains vers l'Europe "ne sont pas aussi nombreux qu'on le dit. Pourquoi toute cette énergie sur les migrants africains", s'est interrogé jeudi le président sénégalais Macky Sall.
Son homologue ivoirien, Alassane Ouattara s'est également montré agacé, soulignant que son pays, avec 25% de ressortissants étrangers était un "modèle d'intégration".
Les Européens, avec leur fonds d'urgence, veulent notamment convaincre leurs partenaires d'accepter davantage de "réadmissions" de migrants africains en situation irrégulière.
"On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux pendant qu'on parle d'accueillir les Syriens et d'autres. C'est un traitement différencié que nous condamnons, parce que c'est discriminatoire", s'est ému le président sénégalais.
"Le retour dans le pays d'origine ne saurait être la seule réponse de l'Europe aux migrants Africains. En effet, (certains d?entre eux) ont besoin, à l?instar des migrants venus d?autres régions, de protection", a rappelé de son côté le président ivoirien.
- La Turquie, autre pays clé -
Le plan d'action prévoit de favoriser la venue en Europe d'officiers d'immigration africains, chargés d'aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L'objectif fixé est de mettre en place des expérimentations dès l'an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.
Les Africains ont surtout insisté de leur côté sur la nécessité de renforcer l'immigration légale vers l'Europe, dont ils ont souvent besoin économiquement, compte tenu de l'importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles.
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