Jugé en appel pour viols et agressions sexuelles sur d'anciennes patientes, Pierre Pallardy, ostéopathe "star" des années 1980 qui crie son innocence, retournera-t-il en prison ? La cour d'assises de Seine-Saint-Denis rend son verdict jeudi.
"Pervers accompli" pour ses 12 accusatrices, soignant à la technique mal comprise, selon lui, le praticien âgé de 74 ans avait été condamné à dix ans de prison en 2013. Une décision dont il avait fait appel.
Douze ans de réclusion criminelle ont été requis à son encontre, ainsi qu'une interdiction totale d'exercer sa profession.
Le qualifiant de "prédateur sexuel" et de "violeur en série", l'avocat général reproche à l'ancien fringuant ostéopathe, aujourd'hui septuagénaire aux allures de retraité, d'avoir eu "ce comportement tout au long de sa carrière".
"Son arme, c'était l'emprise, celle du soignant qui va faire des miracles", a-t-elle estimé.
Jeudi matin, la voix étranglée, vêtu d'une polaire bleu marine et d'un pantalon en toile, Pierre Pallardy s'est avancé devant les jurés pour remercier son avocat, sa famille, ses amis. Derrière lui, son épouse, avec qui il avait partagé la couverture du magazine Elle sous le titre "Le couple idéal de la santé".
Depuis le début du procès il y a près de trois semaines, l'auteur de best-sellers sur le bien-être, qui courait les plateaux de télévision dans les années 1980 et 1990, n'a de cesse de crier son innocence face aux témoignages accablants de femme venues le consulter dans son cabinet du chic XVIe arrondissement parisien, au début des années 2000.
- "Part d'ombre intacte" -
L'ostéopathe invoque une mauvaise interprétation de certains de ses "gestes thérapeutiques", se décrivant comme l'inventeur d?une technique manuelle "puissante" mais qui peut faire ressurgir de douloureux souvenirs.
Son avocat, Luc Brossollet a tenté de démontrer qu'il n'y avait "pas eu de viols", l'accusé souffrant "d'érections molles insuffisantes pour une pénétration complète", selon un rapport d'expert. En "40 ans d'exercice, il n'y avait jamais eu avant de plainte, d'appel au secours ou de signalement à d'autres médecins", a aussi plaidé son conseil.
"En dix ans, la méthode de défense Pallardy n'a pas varié. Vous faites passer ces femmes pour des menteuses, des affabulatrices, des hystériques", a regretté lors des débats Karine Bourdié, avocate d'une ancienne patiente. "Vous dites: +je ne visais pas le sexe, mais le plexus de l'utérus. Le clitoris ? C'est les mains qui se sont égarées. Les baisers ? C'était pour se dire au revoir+. Vous avez réponse à tout, mais s'il y a un menteur ici, c'est vous", a-t-elle lancé à l'accusé.
A la barre, les victimes ont raconté tout au long du procès les "seins malaxés", les "baisers dans le cou" et les "pénétrations". Elle ont expliqué comment elles s'étaient jetées "dans le gueule du loup", espérant un miracle des consultations à 120 euros du praticien qui, par le passé, avait soigné Picasso, César, Joseph Kessel ou encore Marcel Dassault.
Accusé de sept viols et 12 agressions sexuelles, Pierre Pallardy avait été reconnu coupable en 2013 de cinq viols et sept agressions sexuelles.
Il avait été remis en liberté en février 2014 après avoir versé 150.000 euros de cautionnement, équivalents au montant des dommages et intérêts auxquels il avait été condamné.
Selon l'avocat général, malgré trois semaines d'un nouveau procès, "sa part d'ombre est restée intacte".
Pierre Pallardy encourt 20 ans de réclusion.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.