Barack Obama a contourné le Congrès pour agir sur le climat. L'édifice sera-t-il entièrement détricoté si un républicain lui succède à la Maison Blanche? Non!, répond la patronne de la puissante Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), car la science et le droit sont limpides.
"Toutes les décisions que nous avons prises s'appuient sur des données scientifiques claires et sur les lois des Etats-Unis", explique Gina McCarthy dans un entretien à l'AFP au siège de l'EPA, situé non loin de la Maison Blanche, au coeur de Washington.
"Elle ne peuvent pas être simplement défaites à la faveur d'un changement politique", poursuit-elle. "Elles s'inscriront dans la durée".
Depuis l'échec d'un ensemble législatif sur l'énergie au Congrès au début de sa présidence, M. Obama, qui a fait de la lutte contre le changement climatique une de ses priorités, s'appuie largement sur cette vaste agence considérée avec méfiance, voire une franche hostilité, par une partie du camp républicain.
Au coeur de la stratégie de l'exécutif américain figure le "Clean Power Plan" (Projet pour une énergie propre), élaboré par l'EPA, qui impose aux centrales électriques des réductions drastiques de leurs émissions de CO2, de 32% d'ici 2030 par rapport à 2005.
Le sénateur de Floride Marco Rubio, sérieux prétendant républicain à la Maison Blanche, a promis de mettre fin à ce plan qui aurait selon lui un "impact dévastateur" sur le prix de l'énergie pour un bénéfice environnemental quasi-nul.
"Ce qu'ils font est une honte", a lancé, dans son style plus direct, le magnat de l'immobilier Donald Trump, promettant, s'il est élu, de sabrer les fonds à l'EPA.
Une quinzaine d'Etats, dont les grands producteurs de charbon, ont engagé une procédure judiciaire pour bloquer ces mesures, jugeant que l'agence environnementale avait outrepassé son rôle.
"Nous avions anticipé cela. Nous sommes prêts et nous gagnerons devant les tribunaux", répond, sûre de son fait, Mme McCarthy, une catholique au caractère bien trempé qui revendique fièrement son attachement à Boston et à sa légendaire équipe de baseball des Red Sox.
- 'Des chiffres et des faits' -
Au-delà des arguments juridiques, les doutes ouvertement exprimés par nombre d'élus républicains sur la réalité du changement climatique ou la responsabilité des activités humaines dans ce dernier n'affaiblissent-ils pas la position des Etats-Unis dans les négociations internationales ?
Climat: les Etats-Unis s'engagent bien au-delà de la présidence ObamaPour l'administratrice de l'EPA, la "poignée d'élus" qui contestent le consensus scientifique est de plus en plus isolée: "L'immense majorité du Congrès et l'immense majorité des Américains comprennent ce que la science nous dit", assure-t-elle.
Lorsqu'on lui cite les récentes déclarations de Donald Trump - "Le temps change, cela a toujours été comme ça. Je ne crois pas au changement climatique" - Gina McCarthy hoche la tête et sourit: "Nous passons notre temps à expliquer que le changement climatique n'est pas une croyance mais un fait".
Même si le gaz naturel monte en puissance, le charbon, responsable d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis, reste une composante essentielle du paysage énergétique américain. Les centaines de centrales à charbon réparties sur le territoire fournissent environ 37% de l'électricité du pays.
L'administratrice de l'EPA a-t-elle, comme le lui reprochent ses détracteurs, pris la tête d'une croisade contre le charbon, synonyme d'énergie plus chère, de pertes d'emplois et d'économie en berne ?
"Les chiffres et les faits montrent une réalité très différente", répond-elle. "Depuis 40 ans, grâce au Clean Air Act (Loi environnementale emblématique sur laquelle s'appuient les nouvelles règlementations sur le climat), nous avons réduit la pollution de 70% alors que l'économie continuait à croître".
"Nous sommes déjà engagés vers un avenir d'énergies propres et nous essayons d'avancer aussi vite que possible dans cette direction", ajoute-t-elle, soulignant que si le charbon continuera à faire partie du mix énergétique américain, il n'est déjà plus compétitif dans de nombreuses régions des Etats-Unis.
"A travers le Clean Power Act, nous voulons envoyer un signal au marché sur le long terme qui dit: voici la direction que nous prenons, investissez, innovez".
Les Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine, se sont engagés sur une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 par rapport à 2005.
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