Lufthansa a dû annuler pas loin de mille vols mercredi, au cinquième jour d'une grève marathon de ses hôtesses et stewards, partie pour être la plus longue de son histoire.
Près de 100.000 passagers devaient ainsi rester sur le carreau mercredi, dans les aéroports de Munich (sud), Francfort (sud-ouest) et Düsseldorf (ouest), les trois seuls d'Allemagne où la compagnie stationne ses personnels de cabine.
Depuis le début de leur grève vendredi, le mouvement social a provoqué l'annulation de 2.800 vols et perturbé les voyages de plus de 330.000 passagers. Comme souvent en Allemagne, le mouvement n'a toutefois pas conduit à des scènes de chaos dans les aéroports.
Cette grève, prévue pour durer jusqu'à vendredi et dont les chances d'être écourtée semblent dorénavant minces, sera la plus longue jamais subie par Lufthansa. Elle ne touche que la compagnie Lufthansa, pas les autres compagnies du premier groupe aérien européen (Germanwings/Eurowings, Swiss, Austrian).
La compagnie a tenté de faire cesser le mouvement en référé par deux conseils des prud'hommes, mais sans succès: après le tribunal de Darmstadt mardi, qui a autorisé le mouvement à Munich et Francfort, celui de Düsseldorf a fait de même mercredi pour l'aéroport de cette ville.
Lufthansa pourrait encore faire appel de ces décisions. Le salut pourrait venir aussi d'un arbitrage externe, mais les deux parties n'ont pas encore réussi à s'entendre sur le principe et le format de celui-ci.
La direction répète être prête à reprendre les négociations "à tout moment", malgré le refus de sa dernière offre: elle prévoyait une prime exceptionnelle de 3.000 euros, l'acceptation des demandes du syndicat UFO sur les pré-retraites, mais aussi la réduction du nombre de vols.
UFO, syndicat représentant les 19.000 personnels navigants de Lufthansa, se bat sur les salaires et le régime de retraite. Et envisage maintenant même d'étendre la grève au-delà de vendredi.
- A couteaux tirés -
La direction de Lufthansa dénonce un comportement "totalement incompréhensible", face au refus des ses offres successives. Le syndicat parle de "provocation".
Ces invectives témoignent du climat tendu au sein du groupe. Lufthansa est à couteaux tirés depuis des mois avec ses employés, et mène de front le conflit salarial avec ses 5.400 pilotes d'un côté, et celui avec ses 19.000 hôtesses et stewards de l'autre.
Les syndicats se battent contre la restructuration du groupe qui, à l'instar d'autres compagnies européennes bien établies, cherche à réduire drastiquement ses coûts pour contrer la menace des compagnies à bas coûts comme Ryanair et EasyJet, et endiguer la poussée des concurrents du Golfe comme Etihad.
Mais pas question de céder, a assuré mercredi le patron Carsten Spohr, pour qui "chaque jour de grève est un jour de trop".
Il veut relancer le groupe en renforçant Eurowings, la filiale low-cost qui doit reprendre la plupart des liaisons allemandes et européennes de Lufthansa.
Lufthansa n'est pas encore en mesure de chiffrer le coût de cette grève.
Mais le conflit avec ses pilotes, qui a provoqué l'annulation de 12.800 vols sur 18 mois depuis 2014, lui a déjà coûté plus de 350 millions d'euros.
Une hémorragie que Lufthansa a pour l'instant réussi à arrêter. La justice allemande a interdit en septembre au syndicat des pilotes Cockpit de poursuivre ses grèves à répétition, en estimant qu'il s'agissait d'un moyen illégal pour lutter contre la stratégie du groupe.
Cockpit a annoncé mardi avoir déposé un recours devant la Cour constitutionnelle fédérale, plus haute juridiction d'Allemagne. Il défend son droit à la grève et estime que ses revendications ne dépassent pas le cadre du régime de retraite des pilotes.
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