La tâche reste "considérable" pour parvenir en décembre à Paris à un accord ambitieux contre le réchauffement planétaire, a averti mardi le futur président de la COP21 Laurent Fabius, même si les ministres de 70 pays réunis depuis dimanche ont fait "des avancées".
"Nous avons franchi avec la +pré-COP+ une étape importante avant (la COP de) Paris, mais nous restons plus que jamais mobilisés et la tâche qui reste est considérable", a dit M. Fabius, au cours d'une conférence de presse.
A moins de trois semaines de l'ouverture de la conférence de l'ONU sur le climat, les ministres ont tenté pendant trois jours à Paris de progresser sur les nombreux points de la négociation encore en suspens.
M. Fabius a compté "des avancées", notamment sur le principe d'une révision à la hausse régulière des engagements des Etats pour limiter le réchauffement.
Autre point de progrès, selon lui, le financement des politiques climatiques des pays du Sud par le Nord, un point dur du futur accord qui, pour la première fois engagera les pays en développement dans la réduction des gaz à effet de serre.
Responsables historiques du réchauffement, les pays développés ont promis, en 2009, de leur fournir 100 milliards de dollars annuels à compter de 2020 pour leur permettre de se développer de manière propre et s'adapter aux impacts du réchauffement, mais les destinataires souhaitent que cette somme puisse augmenter après 2020, date d'entrée en vigueur de l'accord.
Désormais l'idée que cette enveloppe soit "un plancher semble acceptée", a dit le responsable français.
Pour autant, les 100 milliards eux-mêmes ne sont pas bouclés, il n'y a pas encore d'accord sur les montants futurs et qui doit contribuer, et la composition (prêts/dons) fait encore débat.
Pour donner une impulsion politique à la conférence, plus de 110 (117) chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus le jour de l'ouverture, le 30 novembre.
"L'élan est là", a déclaré à l'AFP Tony de Brum, le responsable des Iles Marshall, qui a vu à Paris "des consultations inédites, une capacité à se parler ouvertement".
"En dépit de tous les défis qui nous attendent, les ministres réaffirment qu'il est toujours possible d'arriver à un accord", insiste la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.
- Trois degrés avec les engagements et non deux -
Depuis l'échec de Copenhague en 2009, le monde a changé, les impacts du réchauffement se font cruellement sentir, et des pays hier réticents à s'engager sont devenus moteurs, comme la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES).
L'Arabie saoudite elle-même a remis mardi ses engagements à l'ONU, 157e Etat à le faire.
Pour autant, la bascule dans la lutte contre le dérèglement climatique, qui implique de tourner le dos à des énergies fossiles jusqu'ici fondement du développement des économies, reste à venir. Et la somme des engagements nationaux porte à ce stade le monde à +3°, au lieu des 2° maximum visés.
Les mesures sont urgentes, car les gaz persistent dans l'atmosphère et engagent le monde sur la voie du réchauffement pour de très nombreuses années encore.
Le niveau de concentration des GES a atteint en 2014 un nouveau record, a rappelé lundi l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Déjà la planète a gagné près de 1° depuis la Révolution industrielle. Les Etats se sont engagés à rester sous 2° au total, mais les plus vulnérables réclament 1,5°, confortés par une somme de rapports sur les impacts du réchauffement qui s'accumulent à l'approche de la COP.
Là encore cet "objectif de long terme" et la manière d'y parvenir seront un point important des négociations.
A ce sujet, "les ministres n'ont pas fourni de vraie direction" et "ont gâché une chance de rendre espoir aux milliards de gens qui craignent les conséquences dramatiques du réchauffement", a réagi Martin Kaiser de Greenpeace.
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