Un campement a pris ses quartiers vendredi 6 novembre sur la place de la mairie, à Rouen. Des militants associatifs, installés avec des sans-abri, demandent l’ouverture permanente de l’ancienne école Colette Yver, habituellement mise à disposition des plus démunis quand le thermomètre affiche moins de 0°C. Une action qui symbolise le problème toujours prégnant de l’hébergement des sans-abri à l’approche de l’hiver. Pire, la situation semble s’aggraver. Tandis que Jean-Paul Ribet, de l’association Droit au Logement, estime qu’il y a «une centaine de sans-abri à Rouen dont de plus en plus de familles et d’enfants», Élodie Meunier, de l’Autobus, qui fait des maraudes chaque soir pour apporter nourriture et produits d’hygiène aux plus démunis, s’inquiète «du nombre croissant de grands précaires».
Le 115 surchargé
Face à cette situation, la Préfecture prend les devants. Elle a lancé lundi 2 novembre son dispositif de veille hivernale, un système de «mise à l’abri temporaire et exceptionnelle pour éviter que des gens dorment dans la rue lors des grands froids», pose Frank Plouviez, directeur départemental de la cohésion sociale. Chaque année, l’État met 26 millions d’euros pour l’hébergement des sans-abri et précaires pour un résultat de «1 577 places d’hébergement en Seine-Maritime, dont 671 d’urgence». En plus de ces places, l’État fait ouvrir à Rouen le gymnase Graindor et l’ancienne école maternelle Colette Yver, (70 places chacun) lorsque le froid se fait plus intense. Le premier sert à héberger les hommes seuls, la seconde les familles. Pourtant, cela ne semble pas suffisant : «En moyenne, chaque jour, 86 Seinomarins appellent le 115 sans réussir à obtenir un toit», regrette Frank Plouviez.
L’an passé, les associations ont réussi à convaincre la Préfecture d’ouvrir Colette Yver de jour, les week-ends et jours fériés. Mais alors que le DAL demande un hébergement de jour et de nuit de novembre à mars, Frank Plouviez doute de l’utilité d’une telle mesure, coûteuse et selon lui peu efficace : «Nous hébergeons beaucoup de familles ou femmes avec des enfants scolarisés. La journée, elles accompagnent leurs fils à l’école, vont les chercher, sortent, elles ne restent pas dans les structures.» Bon an mal an, la Préfecture, en collaboration avec les associations, parvient à faire héberger tous ceux qui le désirent. Pourtant, des sans-abri continuent de dormir dehors. Les uns parce qu’ils «craignent la promiscuité des structures d’hébergement», résume Élodie Meunier. Un problème que l’on voit essentiellement à l’œuvre à Graindor, qui accueille uniquement les hommes seuls. Les autres parce qu’ils ne veulent pas laisser leur chien et qu’aucune structure n’est prévue pour les héberger. Frank Plouviez dit réfléchir à une solution : «Nous envisageons toujours l’ouverture d’un bâtiment avec un chenil d’urgence.» Une voie à explorer pour que personne, quand le thermomètre plonge en dessous de 0°C, ne dorme dehors.
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