La pilule en vente dans les Monoprix, les cheveux longs, les chemises à fleurs: deux ans avant 1968, dans ses "Elucubrations", Antoine avait déjà quelques idées pour "un monde plus amusant". Aujourd'hui, le chanteur assure pourtant: "La provocation n'était pas mon truc."
"Aujourd'hui, ma chanson est enseignée dans les manuels d'histoire. Cela vaut toutes les décorations! Je n'avais vraiment pas l'idée de provoquer avec ces phrases surréalistes et je ne m'attendais pas à un succès aussi immense", confie à l'AFP le chanteur, qui a claqué rapidement la porte du showbiz pour prendre la mer.
"Avec le recul, peu de chansons ont autant collé à la société du moment. Un an après, on a fait l'amour et pas la guerre. En décembre 1967, la contraception est dépénalisée. Avec une chanson souriante, j'ai peut-être aidé à rendre le sujet moins sérieux", ajoute Antoine, 71 ans, barbe et cheveux toujours un peu longs, qui vient de publier chez Gallimard un livre sur "50 ans d'élucubrations".
En pleine vague yéyé, Antoine, alors élève ingénieur à l'Ecole Centrale, s'était mis à dos Johnny Hallyday en suggérant dans sa chanson de le "mettre en cage". L'idole des jeunes lui avait répondu vertement avec le titre "Cheveux longs et idées courtes".
Antoine assure aujourd'hui: "C'était juste une guéguerre de maisons de disques. Johnny m'avait félicité pour ma chanson qui le faisait marrer, et nous sommes toujours copains!"
"Je ne prétends évidemment pas que ma chanson est une oeuvre impérissable, mais elle est entrée dans l'inconscient collectif des Français", observe Antoine.
Malgré un succès fulgurant qui a fait de lui l'artiste le plus payé de l'été 1966, le chanteur décide de prendre sa retraite à 25 ans: "Je ne voulais pas fuir le système, mais m'en tenir à l'écart. Avec mes premiers cachets, j'ai acheté une ferme isolée en Auvergne que j'ai toujours. Deux ans plus tard, j'ai décidé en quelques heures de partir en bateau pour un grand voyage. Ca fait 41 ans que ça dure!".
- "Cultiver la fantaisie" -
Antoine "ne regrette et ne renie rien": "Depuis, mon métier est de voir la beauté du monde et de la partager".
"Entre deux voyages, je retrouve le public de façon plus saine, sans le tintouin du showbiz, grâce à une centaine de conférences par an avec +Connaissance du Monde+ pour présenter mes films", explique-t-il.
En 1987, le chanteur navigateur sort toutefois un nouveau disque, "Touchez pas à la mer": "Épargnez les baleines et les grands oiseaux blancs/Gardez un peu d'eau claire pour vos petits-enfants".
"Avec cette autre chanson, j'ai voulu semer une graine d'utopie pour inciter les gens à s'engager. J'ai constaté très vite que la nature est en danger. La première fois, c'était dans le golfe d'Athènes en 1971. Des milliers de sacs plastiques flottaient", déplore Antoine.
"La glace fond à une vitesse incroyable. Dans un parc naturel à la frontière des Etats-Unis et du Canada, il y avait 122 glaciers dans les années 60. Il en reste 23 J'espère que les grands de ce monde vont enfin prendre conscience qu'on est au pied du mur", ajoute-t-il en référence à la prochaine conférence sur le climat à Paris.
"J'ai eu une chance inouïe et j'ai tout fait pour être à la hauteur. Je crois avoir mené ma vie en accord avec la légèreté et la passion des couplets des +Elucubrations+", confie Antoine. "Cultiver la fantaisie est essentiel, hier comme aujourd'hui. J'ai élucubré et j'élucubrerai encore, même au bout du monde!"
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