Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a admis lundi la possibilité qu'un "acte terroriste" ait été à l'origine du crash le 31 octobre d'un avion russe en Egypte alors que plusieurs pays et experts évoquent depuis plusieurs jours la thèse de l'attentat.
La branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait assuré être responsable du crash de l'appareil dans le désert du Sinaï, qui a coûté la vie aux 224 passagers et membres de l'équipage, presque tous des Russes.
"La probabilité d'un acte terroriste demeure naturellement", a déclaré au journal Rossiïskaïa Gazeta M. Medvedev, dont le pays est devenue une cible prioritaire pour l'EI depuis son intervention militaire début octobre en Syrie pour soutenir le régime de Bachar al-Assad face aux rebelles et aux jihadistes.
L'Egypte, elle, semble traîner des pieds pour reconnaître la thèse de l'attentat, le gouvernement répétant qu'on ne peut tirer aucune conclusion définitive avant la fin de l'enquête qui, prévient-il, pourrait être longue.
Mais elle a annoncé lundi que la police avait tué au Caire un important chef de la branche égyptienne de l'EI, Ashraf Ali Ali Hassanein al-Gharabli. Il était soupçonné d'avoir été l'un des cerveaux de nombreux attentats contre les forces de l'ordre, de la décapitation d'un Croate en août dernier, du meurtre d'un Américain un an auparavant et d'un attentat contre le consulat d'Italie au Caire en juillet.
Plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ont évoqué la piste d'une bombe à bord de l'Airbus de la compagnie russe Metrojet qui devait rallier Saint-Pétersbourg (Russie) au départ de Charm el-Cheikh (Egypte).
Israël, pays frontalier du Sinaï égyptien, a indiqué lundi que le crash était très probablement dû à un attentat. "D'après ce que nous savons et ce que nous entendons, je serais surpris s'il s'avérait que ce n'est pas un attentat", aurait affirmé le ministre de la Défense israélien Moshé Yaalon selon une porte-parole du ministère.
Airbus a pour sa part suggéré que l'appareil A321 n'est pas en cause. Car "compte tenu des retours de l'enquête, il n'a pas été constaté de dysfonctionnement (sur l'appareil)", a indiqué lundi un porte-parole du groupe à l'AFP.
- Coup très dur pour le tourisme -
A Charm el-Cheikh, la station balnéaire d'où avaient décollé l'avion, des centaines de vacanciers, russes et britanniques pour la plupart, attendaient à l'aéroport pour repartir chez eux à bord d'avions que Moscou et Londres ont envoyés à vide.
La sécurité a été renforcée à l?entrée de l?aéroport, où tous les véhicules étaient filtrés scrupuleusement. Et, à proximité de certaines plages, les policiers semblaient plus nombreux que les touristes.
"Il y a des caméras partout et des policiers en civil pour assurer la sécurité des touristes à Charm", a résumé un officier à l'entrée de Nama Bay, l'un des centres commerciaux et de loisirs les plus fréquentés de Charm el-Cheikh.
Moscou a annoncé lundi que 25.000 de ses ressortissants avaient déjà été rapatriés, sur les 80.000 touristes russes recensés à Charm el-Cheikh et dans les stations balnéaires de la mer Rouge après le crash de l'avion.
De son côté, Londres a assuré lundi avoir déjà fait revenir 5.000 des quelque 20.000 touristes britanniques présents au bord de la mer Rouge après le drame.
Les images de touristes fuyant les plages égyptiennes irritent Le Caire qui estime depuis le début que Londres et Washington ont sur-réagi et anticipé les résultats de l'enquête.
La catastrophe aérienne porte en effet un coup très dur au tourisme égyptien, déjà affectée par des années d'instabilité depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en 2011 --à l'issue d'une révolte populaire dans la lignée du Printemps arabe.
L'an dernier, le nombre de visiteurs a atteint 10 millions contre 15 millions en 2010. La plupart d'entre eux avaient pris la direction de Charm el Cheikh, de ses plages et de ses hôtels de luxe, alors que les sites antiques, notamment autour de Louxor, étaient boudés.
Un cinquième des touristes russes choisissent de passer leurs vacances dans le pays des Pharaons, selon des responsables du tourisme à Moscou.
Les Britanniques, autre clientèle de choix, risquent de déserter l'Egypte "pour le moment", indique Derek Moore, président de l'association des Tour Operators indépendants (AITO), qui regroupe 120 membres à Londres.
"Il y a des inquiétudes sur la possibilité d'un nouvel attentat visant un avion et sur le laxisme de la sécurité à l'aéroport de Charm", explique-t-il.
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