La zone euro mettait la pression lundi sur les autorités grecques pour qu'elles adoptent au plus vite les réformes exigées dans la cadre du nouveau plan d'aide, dont dépend le déblocage de deux milliards d'euros qui auraient déjà dû être versés en octobre.
"Le temps est compté, il faut au plus vite compléter la liste" des mesures requises pour le déblocage des 2 milliards d'euros, a exhorté Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe.
"Nous allons écouter la Commission et le ministre grec pour qu'ils nous disent où en sont les discussions. Ensuite nous déciderons si nous renvoyons les négociations vers eux ou si on tranche, mais je penche pour la première option", a-t-il précisé à son arrivée à une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles.
Le déblocage de cette enveloppe dépend de la mise en oeuvre d'une première série de mesures par la Grèce.
La réunion de l'Eurogroupe, qui a débuté vers 14H00 GMT, aurait été le moment idéal pour une telle annonce, mais les discussions entre Athènes et ses créanciers, qui se sont multipliées ces derniers jours, n'ont pas abouti à un compromis.
Principal point d'achoppement : les saisies immobilières, un sujet politiquement difficile pour la coalition gouvernementale d'Alexis Tsipras, dominée par le parti de la gauche radicale Syriza.
Les créanciers réclament des mesures pour faciliter les saisies immobilières, mais Athènes veut maintenir certaines dispositions permettant de protéger la majorité des ménages endettés. Les discussions portent concrètement sur la valeur-plafond en-dessous de laquelle une résidence principale ne pourra pas être saisie, et sur les revenus des ménages concernés.
"Je pense que la négociation de ces derniers jours avec les institutions est arrivée à son terme, en conséquence de quoi une décision politique devra être prise", a estimé à Athènes le ministre grec de l'Economie, Georges Stathakis.
Une position partagée par Paris. Il est "étrange" d'"exiger de la Grèce plus que ce qui existe" dans les pays créanciers, a plaidé le ministre français des Finances Michel Sapin, jugeant "parfaitement possible" d'aboutir à un accord lundi sur la poursuite du programme d'aide.
- Accord dans les prochains jours ? -
De son côté, Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, s'est dit "raisonnablement optimiste" sur la perspective d'un accord "sinon aujourd'hui, du moins dans les prochains jours".
Le feu vert pourrait être donné par les directeurs du Trésor "si Athènes met bien en oeuvre ces réformes dans les jours qui viennent", insiste une source européenne.
Une décision rapide est dans tous les cas nécessaire, non seulement sur le premier volet de réformes mais également sur la gouvernance bancaire, afin d'entamer le processus de recapitalisation des banques grecques, dont la situation financière s'est nettement dégradée avec la crise et la fuite des capitaux.
"C'est notre première priorité", a souligné M. Dijsselbloem. La zone euro a mis de côté une enveloppe de 10 milliards d'euros pour les banques grecques, dans le cadre du plan d'aide de 86 milliards décidé cet été, mais compte également sur l'intervention d'investisseurs privés. "Les discussions sont en cours avec les investisseurs privés", a précisé M. Dijsselbloem.
Selon un bilan réalisé par la Banque centrale européenne, les quatre principales banques privées grecques (Alpha Bank, Eurobank, NBG et Piraeus Bank) ont besoin d'au plus 14,4 milliards d'euros.
En plus de ces étapes, le gouvernement grec devra également adopter d'ici à la fin de l'année un deuxième train de mesures pour compléter les "mesures préliminaires" réclamées jusqu'ici.
L'autre grande échéance pour Athènes sera la conclusion d'une première évaluation de son programme de réformes, effectuée par ses créanciers (UE et FMI) et espérée avant fin 2015. Celle-ci devrait officiellement débuter ce lundi, selon une source proche des discussions.
Une fois cette étape franchie, les discussions sur une restructuration de la colossale dette grecque - cruciales aux yeux du gouvernement Tsipras - pourront débuter.
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