La zone euro ne devrait pas donner son feu vert lundi au déboursement de 2 milliards d'euros promis à la Grèce en échange de réformes, et qui auraient déjà dû être versés en octobre, en raison de divergences persistantes avec Athènes notamment sur les saisies immobilières.
"Il n'y aura pas d'accord ce lundi sur le déboursement des 2 milliards" d'euros, a affirmé une source européenne avant la réunion mensuelle des ministres des Finances de la zone euro, n'excluant pas une décision plus tard dans la semaine au niveau des directeurs du Trésor.
"Sur les 49 mesures requises pour recevoir la tranche d'aide, il y en a encore cinq ou six qui sont en intenses discussions. Il n'y aura pas d'accord sur quoi que ce soit aujourd'hui", lundi, a renchéri une source proche des négociations.
La réunion de l'Eurogroupe, qui débute à 14H00 GMT à Bruxelles, aurait pourtant été le moment idéal pour une telle annonce mais les discussions entre Athènes et ses créanciers, qui se sont multipliées ces derniers jours, n'ont pas abouti à un compromis.
Côté grec, on assure que "des progrès (ont été faits) sur tous les sujets". "Des questions sont encore en suspens mais il est possible de les régler. La grande épine qui reste est donc la distance qui nous sépare sur la question de la protection de la résidence principale", a affirmé lundi le ministre de l'Economie, Georges Stathakis.
Ce sujet politiquement difficile pour le gouvernement d'Alexis Tsipras est le principal point de blocage. Les créanciers réclament des mesures pour faciliter les saisies immobilières, mais Athènes veut maintenir certaines dispositions permettant de protéger la majorité des ménages endettés.
- Soutien de Paris -
Les discussions portent concrètement sur la valeur-plafond en dessous de laquelle une résidence principale ne pourra pas être saisie et les revenus des ménages concernés.
"Je pense que la négociation de ces derniers jours avec les institutions est arrivée à son terme, en conséquence de quoi une décision politique devra être prise", a estimé le ministre grec.
Une position partagée par Paris. Il est "étrange" d'"exiger de la Grèce plus que ce qui existe" dans les pays créanciers, a commenté le ministre des Finances, Michel Sapin, jugeant "parfaitement possible" d'aboutir à un accord lundi sur la poursuite du programme d'aide.
"La Grèce fait des efforts considérables" et "se place dans le scrupuleux respect de l'accord du 13 juillet", qui avait évité in extremis une sortie de l'euro, a souligné le ministre français, endossant de nouveau le rôle de soutien de la Grèce au sein de l'Eurogroupe, comme au plus fort de la crise l'été dernier.
Pour faire avancer les discussions, le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est entretenu dimanche par téléphone avec le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, pour répéter que la position d'Athènes était "compatible" avec l'accord de sauvetage.
Lundi, lors de l'Eurogroupe, "certains ministres devraient faire part de leur déception quant à la lenteur pour mettre en place des réformes qui étaient attendues pour la mi-octobre mais ça ne devrait pas être une réunion très acrimonieuse", a pronostiqué la source proche des négociations.
En cause: le processus de recapitalisation des banques grecques qui doit être mené en parallèle. Selon un bilan réalisé par la Banque centrale européenne (BCE), les quatre principales banques privées grecques ont besoin d'au plus 14,4 milliards d'euros afin de faire face à la dégradation de leur situation financière et à la fuite des capitaux, avec la crise.
Une enveloppe de 10 milliards d'euros a déjà été mise de côté par la zone euro, mais les banques grecques doivent avant cela trouver des moyens privés d'être renflouées en capital. Il s'agit donc de ne pas effrayer les investisseurs privés, souligne cette source.
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