Les Croates ont commencé à voter dimanche pour renouveler le Parlement dans un pays qui peine à se remettre après six ans de récession économique et voit transiter quotidiennement des milliers de migrants fuyant le Moyen-Orient.
Les bureaux de vote ont ouvert à 06H00 GMT et fermeront à 18H00 GMT. Les premiers résultats partiels officiels sont attendus dans la soirée.
Les sondages prédisent une course serrée entre "La Croatie grandit", la coalition de gauche au pouvoir (SDP) du Premier ministre sortant, Zoran Milanovic, et l'alliance conservatrice de droite regroupée autour de Tomislav Karamarko, leader du principal parti d'opposition (HDZ).
Il s'agit des premières élections législatives depuis que la Croatie a accédé, en 2013, à l'Union européenne. La "Coalition patriotique" créée autour du HDZ se bat pour revenir au pouvoir, en dénonçant le bilan mitigé du gouvernement sortant et la situation de récession quasi-permanente depuis 2009.
Mais aucun des deux grands rivaux ne semble, selon les sondages, être en mesure d'obtenir une majorité des 151 sièges du parlement.
Une majorité parlementaire sera donc à négocier avec les cinq autres petites formations susceptibles de passer la barre de 5% des voix pour entrer au parlement, soulignent les analystes.
"Le SDP ne représente pas le choix idéal mais le HDZ a ruiné le pays lorsqu'il était au pouvoir", a dit Maja Bacic, une fonctionnaire âgée de 45 ans. "Nous devons nous concentrer sur l'économie et l'emploi", a-t-elle ajouté.
Pour sa part, Lucija Matkovic, affirme voter pour le HDZ, le "parti des patriotes". "L'actuel gouvernement n'a rien fait, le taux de chômage est élevé et les jeunes quittent le pays, mais avec le HDZ la situation va changer", a affirmé cette économiste âgée de 23 ans.
Dans ce pays de 4,2 millions d'habitants devenu le 28e et dernier membre de l'UE, la victoire au début de l'année à la présidentielle de la conservatrice Kolinda Grabar Kitarovic, avec un discours critiquant les faibles performances économiques du gouvernement, avait placé la droite dans une position avantageuse dans les starting-blocks de la campagne électorale.
Cependant, pour M. Milanovic, l'émergence de la crise migratoire à la mi-septembre, lorsque la Croatie a vu près de 350.000 réfugiés en route vers l'Europe occidentale transiter par son territoire, a été l'occasion de détourner l'attention des difficultés du gouvernement sur le front économique.
- Les difficultés économique perdurent -
"Le gouvernement a eu la chance de voir cette crise repousser en arrière-plan tous les autres thèmes" de débat électoral, note l'analyste politique indépendant Davor Gjenero.
M. Milanovic a surfé sur la vague migratoire en faisant preuve d'empathie envers les migrants, mais aussi de fermeté vis-à-vis des pays voisins. Il a condamné la décision de la Hongrie de fermer sa frontière et critiqué la Serbie pour sa manière de gérer la crise, tout en affirmant qu'il tenait avant tout à protéger les intérêts de la Croatie.
De son côté, l'opposition et son leader Tomislav Karamarko, ont mené campagne sur les "valeurs patriotiques" en s'appuyant sur la rhétorique nationaliste auprès d'un électorat conquis à l'avance.
"Mais les gens sont préoccupés par la grave situation économique alors qu'aucun des deux principaux partis n'a fourni des réponses sérieuses aux questions importantes", estime M. Gjenero.
Car les problèmes économiques de la Croatie perdurent avec un taux de chômage en septembre de 16,2%, dont 43,1% chez les jeunes. La dette publique frôle les 90% du PIB, et l'économie croate est l'une des plus pauvres de l'UE.
Le PIB a repris des couleurs au cours des trois premiers trimestres de l'année, mais les analystes notent que les deux principaux rivaux aux législatives n'ont pas offert de solution crédible pour redresser efficacement l'économie, ni pour résoudre le problème que pose une administration jugée inefficace et disproportionnée.
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