La Sierra Leone, qui compte pour la moitié des cas de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, devait être officiellement déclarée samedi exempte de transmission du virus, responsable de la mort de milliers de personnes dans le pays et d'une brutale récession économique.
Cette épidémie, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, a fait plus de 11.300 morts - dont quelque 4.000 en Sierra Leone - sur quelque 29.000 cas recensés, un bilan toutefois sous-évalué, de l'aveu même de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Les victimes se concentrent à 99% dans trois pays limitrophes: la Guinée, d'où est partie l'épidémie en décembre 2013, la Sierra Leone et le Liberia.
Aucune grande célébration n'est prévue à Freetown, mais une déclaration officielle de l'OMS - initialement prévue samedi à 08H00 GMT et retardée de deux heures - est attendue dans la capitale en présence du président sierra-léonais Ernest Bai Koroma.
Un pays est déclaré exempt de transmission d'Ebola lorsque deux périodes de 21 jours - la durée maximale d'incubation du virus - se sont écoulées sans nouveau cas depuis le second test négatif sur un patient guéri.
Mais les spécialistes soulignent que le risque persiste au-delà de ces 42 jours, en raison surtout de la subsistance du virus dans certains liquides corporels, en particulier le sperme, où il peut survivre parfois jusqu'à neuf mois.
Le Liberia a été déclaré exempt de transmission le 3 septembre, après une première annonce début mai, suivie d'une réapparition du virus en juin.
La prudence est également de rigueur en raison des nouveaux cas toujours signalés en Guinée voisine, notamment dans la préfecture de Forécariah, près de la frontière avec la Sierra Leone.
Dans son dernier rapport hebdomadaire mercredi, l'OMS a précisé que 382 personnes étaient sous surveillance en Guinée, dont 141 considérées comme "à haut risque".
Le chef du Centre national de lutte contre Ebola (NERC) sierra-léonais, Palo Conteh, a affirmé mercredi que la surveillance serait renforcée dans les prochains jours à la frontière.
"Nous devons être vigilants. Ce n'est pas la fin d'Ebola, mais la fin de l'épidémie actuelle", a-t-il souligné.
- Confinement de la population -
La Sierra Leone, qui a été critiquée pour certaines mesures extrêmes pour éradiquer le virus, en particulier le confinement de toute la population en septembre 2014 et en mars 2015, a connu une cruelle déconvenue dans cette longue bataille.
Le chef de l'Etat a présidé le 24 août une cérémonie célébrant la sortie d'hôpital du dernier malade d'Ebola guéri, après plus de deux semaines sans nouvelle contamination signalée. Mais une femme de 67 ans décédée quatre jours plus tard avait été testée positive après sa mort, suivie de celle d'une adolescente, le 13 septembre.
"Dieu merci c'est fini et nous vivons maintenant en paix", a déclaré Mamie Kabia, 25 ans, membre d'un des groupes d'experts chargés d'enterrer les cadavres hautement contagieux pendant la crise.
Un ambulancier de Kambia, dans le nord, à la frontière avec la Guinée, Ferenko Koroma, a dit espérer ne plus jamais avoir à transporter des corps de malades d'Ebola.
"L'odeur de chlorine me rendait malade. On dit qu'on ne meurt qu'une fois, mais j'ai l'impression d'être mort plusieurs fois", a-t-il confié à l'AFP.
En plus du tribut humain, l'épidémie a infligé de sévères pertes économiques à la Sierra Leone, sortie il y a 13 ans d'une décennie de guerre civile parmi les plus meurtrières du continent avec environ 120.000 morts et des milliers de civils mutilés entre 1991 et 2002.
D'après la Banque mondiale, l'économie devrait enregistrer cette année au moins 1,4 milliard de dollars (près de 1,3 milliard d'euros) de pertes, conduisant à une contraction "sans précédent" de 23,5% de son PIB.
L'impact économique a été aggravé par une forte baisse des prix mondiaux du minerai de fer et l'effondrement du secteur minier, les investisseurs étrangers ayant fui le pays par crainte du virus.
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