Le jury a été plus sévère que l'accusation: le père et la mère de la petite Inaya ont été condamnés vendredi respectivement à 30 et 20 ans de réclusion pour le meurtre de leur bébé, retrouvée enterrée en forêt de Fontainebleau.
L'avocat général avait requis 25 ans à l'encontre de Grégoire Compiègne, 27 ans, et 15 ans contre Bushra Taher-Saleh, 29 ans, qui comparaissaient depuis une semaine à Melun devant la cour d'assises de Seine-et-Marne pour le meurtre d'Inaya, morte sous les coups à l'âge de 20 mois.
Le corps de la fillette avait été retrouvé emballé dans des sacs poubelles, enterré dans la forêt de Fontainebleau, début 2013. Plus d'un an après sa mort.
Le couple est resté impassible à l'énoncé du verdict. Les avocats n'ont pas commenté la décision. Ils disposent de dix jours pour faire appel.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Marc Mulet avait estimé que Grégoire Compiègne et Bushra Taher-Saleh étaient "main dans la main", que "leurs doigts se sont croisés pour faire un poing qui a frappé les enfants". C'était pour lui "un couple pathologique".
"Inaya a aimé ceux qui se sont occupés d'elle, pas ses parents. Elle l'a montré et elle en est morte", avait-il conclu.
Inaya avait été placée dans une famille d'accueil à l'âge de trois semaines, alors que sa mère l'allaitait encore, sur ordonnance du juge des enfants de Melun, ville où la famille s'était fixée après avoir erré plusieurs mois en province "pour fuir les services sociaux", avait rappelé M. Mulet.
Le fils aîné du couple avait également été placé pour une courte période à l'automne 2009, après des coups donnés par son père, condamné à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
Les services sociaux ont été mis en cause durant le procès pour avoir cru sur parole des parents décrits comme manipulateurs, qui avaient finalement récupéré leurs enfants.
- "T'es une merde" -
A l'audience, les avocats du couple avaient ensuite plaidé l'un l'acquittement du père, "écorché vif", l'autre celui de la mère, "victime soumise", chacun avançant la responsabilité de l'autre conjoint dans la mort de la fillette.
"Cette petite Inaya, elle (la mère) n'en voulait plus, elle la jette, elle s'en est débarrassée", avait clamé l'avocat de Grégoire Compiègne, Fatthi Irguedi, pour qui la culpabilité de Mme Taher-Saleh ne faisait pas de doute.
Devant la police, n'a-t-elle pas reconnu avoir "frappé et secoué sa fille ?", avait pointé l'avocat.
A l'inverse, Me Jean Chevais avait rappelé que le père de la petite disait à sa compagne: "T'es une merde, tu sais rien faire". Elle était sous "l'emprise" de Grégoire Compiègne, avait-il plaidé.
"Il la faisait taire rien qu'avec un regard", avait dit Me Chevais, décrivant sa cliente comme une "victime soumise", "dans un rapport de dépendance psychologique et affective, de maître à dominée".
Une thèse battue en brèche plus tôt par l'avocat général: "Elle a son libre arbitre, elle peut le quitter quand elle le veut", avait-il dit, tout en décrivant Compiègne comme un "tyran domestique".
"Je regrette énormément qu'Inaya ne soit plus là, j'ai beaucoup de remords. Mes enfants et moi avons vécu l'enfer", avait déclaré Mme Taher-Saleh à la cour, avant qu'elle ne se retire pour délibérer. Grégoire Compiègne avait, lui, reconnu ne pas avoir "un passé des plus glorieux".
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