Le groupe Volkswagen a bien triché, d'autres constructeurs automobiles a priori pas, selon les premières vérifications menées par le gouvernement français sur une dizaine de véhicules à la suite du scandale aux moteurs truqués.
La France avait lancé le 1er octobre, moins de deux semaines après le début de l'affaire Volkswagen, une série de tests, qui porteront à terme sur une centaine de véhicules à moteur diesel, pour détecter d'éventuelles fraudes à la pollution, en plus du million de véhicules truqués de marque allemande déjà en circulation dans l'Hexagone.
Une première sélection de dix véhicules a ainsi été testée en vue d'établir le protocole de contrôle.
"Sur les dix voitures que nous venons de contrôler, de toutes marques, on observe que sur Volkswagen il y a un dépassement de cinq fois la valeur limite de la réglementation en oxydes d'azote, on a donc confirmation de la tricherie", a déclaré Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, à l'antenne de la radio France Info vendredi.
"Sur les autres (véhicules testés) ce n'est pas le cas, c'est (un dépassement d')un et demi à deux, c'est-à-dire l'écart que l'on connaît entre le contrôle sur banc et le contrôle en conduite réelle", a ajouté Mme Royal, sans préciser quels étaient les constructeurs de ces autres modèles.
"D'ici la fin du mois, nous aurons donc en grandeur nature un test qui sera homologué et qui pourra permettre le test sur la centaine de voitures" représentatives des modèles commercialisés en France, a assuré la ministre.
Volkswagen a avoué avoir équipé des véhicules vendus dans le monde entier d'un logiciel permettant de tromper les contrôles antipollution lors des processus d'homologation. Dans le monde, quelque 11 millions de véhicules ont été équipés du logiciel litigieux.
Cet énorme scandale a provoqué la démission du patron du groupe, Martin Winterkorn, et va obliger la firme à verser des milliards de pénalités et dédommagements, ainsi qu'à organiser un gigantesque rappel.
- Tests à Montlhéry -
Les tests demandés par le gouvernement français sont effectués par le laboratoire Utac-Ceram, à l'Autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne). Ceux-ci avaient commencé par une Peugeot 208, avait constaté une journaliste de l'AFP le 1er octobre, lors d'une visite de Mme Royal sur place.
Ces essais comprennent notamment un passage sur des bancs à rouleaux, mais avec une procédure modifiée par rapport à la réglementation, un autre sur piste et un prélèvement des gaz d'échappement pour déceler les "gros écarts" par rapport à la norme.
Le logiciel de Volkswagen, selon les détails du scandale qui a démarré le 18 septembre des Etats-Unis, est en effet capable de reconnaître les situations dans lesquelles la voiture était testée, le protocole étant toujours le même, et d'activer un dispositif de réduction des oxydes d'azote (NOx).
Depuis le début du scandale, d'autres constructeurs, notamment les groupes français PSA Peugeot Citroën et Renault, ont tenté de s'en distancier, en assurant que leurs véhicules n'étaient pas équipés de tels logiciels de triche.
Le scandale Volkswagen a encore pris de l'ampleur ces derniers jours avec des révélations sur une nouvelle tricherie, cette fois aux émissions de CO2 (dioxyde de carbone), un nouveau coup dur pour le groupe car il s'apparente à une fraude fiscale.
Le géant aux 12 marques (VW, Audi, Skoda, Seat, Porsche), qui s'était hissé au premier semestre 2015 à la première place mondiale des ventes devant Toyota, a commencé à subir en octobre les conséquences commerciales de cette affaire protéiforme.
Les ventes de la marque Volkswagen ont chuté de 10% en octobre en Grande-Bretagne, le deuxième marché européen. Sur le troisième, la France, le recul a été de 3%, alors que la marque était sur une trajectoire de plus de 6% de progression lors des trois premiers trimestres.
L'action Volkswagen a perdu plus de 40% en six semaines à la Bourse de Francfort.
Ce scandale a aussi mis en lumière les procédures d'homologation européennes actuelles, d'un avis général dépassées. De nouvelles normes d'homologation sont en cours d'adoption, combinant un cycle de tests plus représentatifs et des essais en conditions réelles. Elles devraient entrer en vigueur en 2017.
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