Avec son turban, sa barbe grisonnante, la moustache fière et abondante, Harjit Sajjan, le tout nouveau ministre de la Défense canadien, détonne dans le paysage rectiligne et conventionnel des forces armées.
Harjit Sajjan est l'exemple parfait d'un gouvernement que le Premier ministre Justin Trudeau a qualifié de "reflet du Canada dans sa magnifique diversité".
Né au tournant des années 1970 dans un village du Penjab, dans le Nord de l'Inde, il arrive avec ses parents dès l'âge de 5 ans sur la côte ouest où il s'est ensuite installé.
C'est à Vancouver, où il a été élu député le 19 octobre, que Harjit Sajjan choisit l'ordre et la loi. Il a passé 11 ans dans la police de la ville, finissant même à la criminelle.
Il rejoint ensuite l'armée canadienne où il terminera au rang de lieutenant-colonel et bardé de médailles. Ses faits d'armes, il les a obtenus en Bosnie mais surtout, par trois fois, en Afghanistan.
Avec son turban sous le casque, le nouveau patron de la Défense a été le premier sikh à diriger un régiment canadien dans la région de Kandahar.
Le parti libéral, qui a dans ses rangs une large représentativité sikhe, cite dans les éléments de biographie du ministre, un portrait flatteur du général David Fraser qui dirigeait à l'époque la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan en Afghanistan.
"Il était le meilleur atout canadien pour le renseignement sur le terrain, et son travail acharné, sa bravoure, et sa détermination inébranlable ont permis de sauver beaucoup de vies au sein de la coalition", a-t-il écrit.
M. Fraser a confié au quotidien Globe and Mail qu'il l'avait choisi à l'époque "en raison de son expérience à négocier avec les bandes du crime organisé car en fait les talibans n'étaient rien d'autre que des voyous à la solde de bandes".
En revanche, son arrivée en politique s'est faite aux forceps. Plusieurs cadres du parti libéral de Colombie-Britannique, également d'origine sikhe, avaient quitté les rangs libéraux en décembre quand Justin Trudeau l'avait imposé. Ils reprochaient au nouvel impétrant, par le biais de son père, des liens supposés avec la World sikh organization, une organisation souvent présentée comme proche de groupuscules extrémistes ou des mouvements séparatistes.
- Quatre ministres sikhs -
"Je ne suis pas un membre de la WSO et je n'ai pas reçu d'ondes négatives de qui que ce soit", avait-il démenti à la télévision publique canadienne CBC.
Dès la nomination des ministres mercredi, la branche canadienne de la WSO s'est empressée de saluer la nomination de "quatre Canadiens sikhs au gouvernement, y compris la première femme sikhe" en la personne de Bardish Chagger, toute nouvelle ministre des PME. Amarjeet Sohi, ministre des Infrastructures, et Navdeep Bains, ministre du développement économique, sont les deux autres Canadiens d'origine sikhe du gouvernement Trudeau.
"Le pendjabi est maintenant la troisième langue la plus parlée au Parlement", a ajouté Amritpal Shergill, président de la WSO Canada en référence au grand nombre de députés élus pour une communauté de près de 460.000 canadiens de confession sikhe.
Harjit Sajjan, dans ses nouvelles fonctions, va devoir faire preuve de finesse pour mettre en musique les promesses de campagne de Justin Trudeau, et tout d'abord l'arrêt des frappes aériennes canadiennes aux côtés de la coalition internationale, en Irak et en Syrie.
Autre dossier sensible, le choix de la prochaine flotte de chasseurs pour remplacer les anciens F-18 Hornet de McDonnell Douglas. M. Trudeau avait assuré que le Canada n'achèterait pas les F35 de l'Américain Lockheed Martin, option privilégiée de l'ancien gouvernement.
Le Premier ministre avait, en campagne, prévu de lancer "un appel d'offres ouvert et transparent" pour les chasseurs, remettant en course le Rafale de Dassault, l'Eurofighter Typhoon, le Super Hornet ou encore le Grippen du Suédois Saab.
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