Des experts en armes chimiques ont conclu pour la première fois que du gaz moutarde avait été utilisé lors de combats en Syrie en août, ont indiqué jeudi soir à l'AFP des sources au sein de l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Le gaz a été utilisé à Marea, une ville de la province d'Alep (nord) le 21 août, ont précisé ces sources, soulignant que les experts n'avaient désigné aucun responsable, conformément au statut de l'OIAC.
"Il s'agit de la première confirmation de l'utilisation de gaz moutarde en Syrie", a affirmé une source.
Marea est un bastion rebelle que le groupe Etat Islamique (EI), cherchant à entendre sa présence dans la province, tente de capturer depuis des mois.
La ville est considérée comme le plus important réservoir de combattants et d'armes dans la province d'Alep pour les rebelles qui luttent à la fois contre le régime de Bachar al-Assad et contre l'EI.
Découvert en 1822, le gaz moutarde est un gaz asphyxiant utilisé pour la première fois par les Allemands en Belgique en 1917. Il a été banni par l'ONU en 1993.
Ce gaz s'attaque notamment aux poumons, aux yeux et au muqueuses, selon l'OIAC. Il provoque également l'apparition de cloques sur la peau.
De larges quantités de gaz moutarde avaient été utilisées lors de la guerre opposant l'Irak et l'Iran entre 1979 et 1988. Selon l'OIAC, le gaz moutarde est "très simple" à fabriquer.
Selon des militants présents à Marea le 21 août, une "odeur exécrable" s'est fait sentir après que l'EI a lancé plus de 50 obus de mortier dans le centre de la ville.
Ces militants avaient évoqué des "cas d'asphyxie, de toux sévères, de rougeurs dans les yeux et le visage, et des irritations cutanées". Plus de 25 civils avaient été touchés, avaient-ils alors affirmé.
- Allégations contre l'EI -
Un rapport encore confidentiel a été envoyé aux Etats membres de l'OIAC, qui doivent se réunir au siège de l'organisation à La Haye fin novembre.
Les accusations de recours aux armes chimiques par le groupe EI se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie.
L'OIAC mène également une enquête en Irak mais celle-ci n'est pas encore terminée, assurent les sources au sein de l'OIAC.
Des combattants kurdes engagés contre l'EI en Irak avait assuré avoir été la cible d'armes chimiques, ce que l'administration américaine avait jugé "plausible" en août.
Les extrémistes se seraient procuré le gaz moutarde en Syrie, lorsque le régime de Bachar al-Assad s'est débarrassé, sous la pression de la communauté internationale, de ses stocks d'armes chimiques, ou bien en Irak, selon le Wall Street Journal.
Après une attaque chimique qui a tué des centaines de personnes dans la région de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, en août 2013, la Syrie avait accepté de déclarer et de remettre son arsenal chimique dans le cadre d'un accord supervisé par l'OIAC.
Au total, 1.300 m3 d'armes chimiques ont été saisies en Syrie. Une majorité, composée de gaz moutarde et sarin, avait été neutralisée sur un navire de la marine américaine avant d'être transformée en déchets ou effluents.
Toutefois, l'ONG Human Rights Watch a accusé en mars le régime de Bachar al-Assad d'avoir largué des barils remplis de gaz de chlore sur des civils dans des secteurs rebelles, une accusation rejetée par Damas.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé à l'unanimité le 7 août de former un groupe d'experts pour identifier "les individus, entités, groupes et gouvernements" responsables de récentes attaques.
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