Société Générale va fermer 20% de ses agences et supprimer environ 2.000 postes sur cinq ans pour répondre aux nouvelles habitudes numériques de ses clients, dans le cadre d'un plan de transformation de ses réseaux dévoilé jeudi.
Le directeur général du groupe Frédéric Oudéa a toutefois assuré vouloir "éviter les licenciements" et "jouer sur les départs naturels" (volontaires ou à la retraite) lors d'une conférence téléphonique.
Selon un document interne, obtenu par l'AFP, un tiers des 2.000 suppressions de postes auraient lieu en Ile-de-France.
Société Générale est présent en banque de détail en France à travers trois grandes marques: la sienne, celle de Crédit du Nord, dont la clientèle est davantage composée de professionnels et de PME, et la banque en ligne Boursorama.
Outre la fermeture d'environ 400 de ses 2.200 agences Société Générale, le projet prévoit de faire passer le nombre de clients de Boursorama de 700.000 actuellement à deux millions d'ici cinq ans, de développer de nouveaux formats d'agences plus centrés sur le conseil, et d'investir 1,5 milliard d'euros pour accompagner cette transformation, notamment dans le domaine de la numérisation des processus.
En ce qui concerne le réseau Crédit du Nord, beaucoup moins dense, le directeur général délégué, Bernardo Sanchez Incera, a prévenu que des regroupements d'agences était à prévoir mais de façon bien moins importante que pour Société Générale.
Cette réorganisation avait été évoquée dès septembre par les syndicats et le groupe, sans la confirmer, s'était alors contenté d'indiquer qu'il avait "déjà commencé progressivement à optimiser le maillage de (son) réseau".
Selon lui, l'évolution des comportements a fait fondre la part de ses clients qui se rendent au moins une fois par mois dans une agence, passée de 57% en 2007 à 42% en 2012. Et ils contactent de plus en plus leur conseiller par courrier électronique.
"Nous avons décidé d'aller plus vite et plus loin dans la transformation de notre modèle de banque de détail en France en nous appuyant sur la complémentarité de nos trois enseignes", explique le directeur général du groupe, Frédéric Oudéa, dans un communiqué.
- "Regroupements d'agences" aussi au Crédit du Nord -
La ministre du Travail Myriam El Khomri a fait état de son inquiétude face au projet de Société Générale et dit vouloir éviter les licenciements, tout en reconnaissant que l'attitude des Français vis-à-vis de leur agence bancaire a changé.
"Ca m'inquiète et je peux comprendre l'inquiétude également des salariés, et la colère parfois des salariés", a dit Mme El Khomri, interrogée sur RMC/BFMTV.
"On voit bien que les banques en ligne prennent de la place et que les guichets sont de moins en moins utilisés, je ne suis pas pour bloquer toute évolution", a-t-elle commenté.
"L'objectif, c'est d'éviter les licenciements", a-t-elle ajouté en plaidant pour des reconversions et des départs volontaires.
Le vice-président du Front National, Florian Philippot, a appelé le gouvernement à "faire pression" sur Société Générale pour obtenir l'annulation de son plan, estimant que les fermetures d'agences seraient un "coup dur" pour l'emploi et allaient pénaliser "certaines petites communes".
L'Etat n'est actionnaire de la banque qu'indirectement, via la Caisse des dépôts, et détenait seulement 2,59% de son capital au 31 décembre 2014.
Les syndicats ont dénoncé auprès de l'AFP une "logique purement financière" appliquée "à pas forcés", disant redouter des mobilités contraintes.
"Ils forcent la main aux salariés en disant +c'est ce poste-là et rien d'autre+", selon Isabelle Blanquet-Leroy, de Force ouvrière, qui craint des mutations "à plusieurs centaines de kilomètres" pour certains salariés.
Société Générale a présenté son plan en marge de l'annonce du bond de son bénéfice net au troisième trimestre (+27,7%, à 1,1 milliard d'euros), porté par la bonne tenue de sa banque de détail en France. Elle indique, en outre, avoir bouclé son plan d'économies censé s'achever fin 2015, avec une réduction des coûts de 900 millions d'euros. La banque avait lancé cet été un autre plan d'économies, pour la période 2015/2017, de 850 millions d'euros.
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