Micro dans une boîte d'allumettes, décryptage des conversations royales, immersion en sous-marin nucléaire: les agents secrets n'ont - presque - plus desecret grâce à une exposition inédite ouverte mercredi à Paris sur leur histoire et leurs "gadgets".
Lever un voile, de manière pédagogique et parfois ludique, sur "Le secret de l'Etat" en France à travers les âges, du XVIIe au XXe siècles: telle est l'ambition des Archives nationales qui, en six modules, retracent l'histoire du renseignement dans les salons feutrés de leur hôtel de Soubise, dans le vieux Paris, jusqu'au 28 février 2016.
Une tâche pas évidente, confie le commissaire de l'exposition, Yves-Sébastien Laurent, professeur à l'Université de Bordeaux, à qui n'a pas échappé le halo de mystère ou de rejet qui entoure le monde des agents secrets.
"Quid du secret d'Etat, un secret de papier, un secret porté par quelques individus autour du président de la République, un secret de bureaucrates?", interroge-t-il. Pour exposer ces secrets, l'exposition regorge de documents et de matériels sophistiqués vus souvent - et à tort - comme des gadgets dans les vieux films de James Bond par exemple. La plupart sont "inédits" ou "peu mis en valeur", selon le commissaire.
Certains proviennent des fonds secrets, sans jeu de mot, des services de renseignement français de la DGSI (sécurité intérieure) et DGSE (sécurité extérieure) ou ont été dénichés dans des musées nationaux ou locaux.
L'entrée se fait, sur grand écran, par une immersion dans le célèbre sous-marin nucléaire français, le Redoutable, mis à l'eau en 1967. Couleurs rouge ou verte, c'est selon le degré de dangerosité des missions: on s'y croirait.
- "Plombiers" du Canard -
Le parcours se poursuit au fil du temps, depuis l'Ancien Régime jusqu'à nos jours, avec ce besoin constant de l'Etat de tout savoir et tout protéger, grâce d'abord à ses diplomates puis ses agents secrets.
Des agents décriés: sont évoquées à cet égard l'affaire Dreyfus, celles des écoutes de l'Elysée sous François Mitterrand ou des "plombiers" ayant posé des micros au Canard Enchaîné en 1973.
Ici, des espions russes, un document révolutionnaire sur la situation insurrectionnelle en Vendée, le décret signé de la main du général de Gaulle créant le Sdece, ancêtre de la DGSE. Là, un ordre de tuer un citoyen allemand soupçonné d'aider la rébellion algérienne dans les années soixante, une mission dite "homo" dans le jargon du renseignement, dont l'exposition ne dit pas si elle a abouti.
Il y a surtout ces pièces "rares", selon les responsables de l'exposition: le vieux téléphone rouge d'un chef d'Etat, une boîte d'allumettes et une montre dotées d'un microphone invisible à l'oeil nu, des appareils de codage et de déchiffrage afin de déjouer les man?uvres des ennemis de la République ou des rois de France.
M. Laurent est très fier de cette boîte "à déchiffrer et chiffrer" les "informations" en forme de livre rare, datant de Henri II au XVIe siècle, venue du musée d'Ecouen, près de Paris. But: "Protéger les discussions royales".
Et, dans le même esprit, figure aussi une valise et sa machine de chiffrement "Enigma" de la marine allemande (Kriegsmarine), réputée avoir été saisie par des agents français peu avant la Seconde Guerre mondiale.
"Il y avait de quoi décoder tous les échanges d'alors" avec des "informations capitales" sur la stratégie des Allemands, selon le commissaire. Mais personne n'en a "beaucoup tenu compte". C'est aussi cela le renseignement.
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