Japan Post Holdings, la Poste japonaise, et ses deux filiales de banque et assurance sont entrées mercredi matin à la Bourse de Tokyo où leurs actions s'envolaient de plus de 16% dans les premiers échanges.
La valeur d'introduction de ces trois entités placées chacune à hauteur de quelque 10% dépasse les 1.400 milliards de yens (plus de 10 milliards d'euros), ce qui en fait la plus importante entrée en Bourse au monde cette année.
Le titre Japan Post Holdings, l'entité mère, qui était initialement proposé à 1.400 yens, a débuté à 1.631 yens (+16,50%), celui de Japan Post Bank offert à 1.450 yens a entamé la séance à 1.680 yens (+15,86%) et celui de Japan Post Insurance, dont le prix d'introduction était de 2.200 yens, a démarré à 2.929 yens (+33%).
"Notre groupe entre aujourd'hui dans une nouvelle ère", s'est félicité le PDG Taizo Nishimuro lors d'une cérémonie au Tokyo Stock Exchange (TSE) pour marquer cette entrée en Bourse, saluée par des applaudissements.
"Il y a un réel intérêt", commentait une analyste sur la chaîne de TV boursière Nikkei Channel.
La Poste japonaise est parfois appelée "la plus grande banque du monde" parce qu'elle gère quelque 200.000 milliards de yens de dépôts (près de 1.500 milliards d'euros), l'équivalent de 40% du produit intérieur brut du Japon.
Ce trésor de guerre est essentiellement constitué de l'épargne de citoyens placés dans des obligations d'Etat.
Bien que propriété intégrale du gouvernement jusqu'à ce jour, la maison mère Japan Post Holdings et les deux sociétés financières sont depuis 2007 gérées comme des sociétés privées, en vertu d'une loi de privatisation votée, non sans opposition, en 2005. Le Premier ministre d'alors, Junichiro Koizumi, avait fait de la sortie du mammouth du secteur public l'alpha et l'oméga de son passage à la tête du pays entre 2001 et 2006.
"L'entrée en Bourse n'est pas un but en soi, ce qui est important est d'inculquer une culture de gestion privée. Nous sommes aujourd'hui à l'entrée de ce processus", a déclaré mercredi à l'AFP Heizo Takenaka, ministre chargé de la privatisation à l'époque du Premier ministre Koizumi.
- Défi sur la durée -
L'arrivée sur le marché de Japan Post Holdings, Japan Post Bank et Japan Post Insurance est la plus importante étape en dix ans. Le processus de cession d'actions avait été gelé un temps par le Parti démocrate du Japon (PDJ), formation de centre gauche qui prit le pouvoir en 2009 mais le rétrocéda fin 2012 au Parti Libéral Démocrate (PLD), force dominante de droite depuis la fin de la guerre.
Désormais, la montée progressive de la part des acteurs privés dans le mastodonte paraît irréversible, même si la part initialement mise en Bourse est très limitée pour éviter de trop perturber le marché. "Une augmentation progressive est prévue jusqu'à environ 50% pour les filiales financières", a précisé le groupe dans son plan d'objectif 2015-2017.
L'opération sera considérée comme une réussite si le cours des actions affiche un gain de 5% à la fin de la semaine, estiment des courtiers cités par les médias.
Le défi pour la Poste japonaise (dont la filiale de courrier n'est pas directement concernée par cette entrée en Bourse) sera de convaincre les actionnaires de sa capacité à dégager des profits croissants dans un environnement en partie défavorable.
"Du point de vue du potentiel de croissance de ces entreprises, les perspectives sont assez limitées, mais le groupe peut améliorer ses comptes avec de nouvelles activités", a commenté un analyste, spécialiste des introductions en Bourse, Takashi Nishibori.
La population japonaise diminue, les échanges postaux ne sont plus aussi importants qu'avant (même si le commerce en ligne génère des envois de colis) et les placements que proposent Japan Post Bank et Japan Post Insurance n'offrent pas le meilleur rendement. Ils sont appréciés de personnes âgées parce qu'ils sont sans risques.
Dans ce contexte, Taizo Nishimuro a rappelé mardi l'importance d'une "expansion internationale rapide", initiée par le rachat du transporteur australien Toll Holding en mai dernier pour 4,6 milliards d'euros. "Nous devons étendre nos activités", reconnaît Japan Post qui présente l'immobilier (bureaux, résidences) comme une voie parmi d'autres.
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