Face à une ancienne patiente qui l'accuse de viol, l'ex-ostéopathe du "tout-Paris", Pierre Pallardy, a plaidé lundi une mauvaise interprétation de certains gestes thérapeutiques, se décrivant comme l'inventeur d'une méthode "puissante", mais aux effets encore mal maîtrisés.
"Ce n'est pas de ma faute si certaines man?uvres sont mal perçues par certaines personnes" fragiles, a déclaré le septuagénaire qui est jugé depuis jeudi en appel pour viols et agressions sexuelles devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis.
Plus tôt, une ancienne patiente venait de narrer comment Pierre Pallardy, qu'elle avait consulté en 2004 pour des douleurs dorsales après lA lecture de son best-seller, "Et si ça venait du ventre?", l'avait par deux fois violée après l'avoir "mise en condition".
"Lors de la première séance, il m'a posée des questions qui m'ont déstabilisée, qui avaient trait à ma vie privée. Est-ce que je m'entendais bien avec mon mari? Est-ce que j'avais une relation sexuelle avec lui? Est-ce que je le trompais?", a raconté sur un ton posé cette élégante femme de 66 ans, qui se remet alors d'un cancer du sein.
"Il m'a fait comprendre que mes angoisses étaient liées à un manque d'affection de mon mari et qu'il pourrait être en mesure de m'apporter ce qui me manquait", a poursuivi la plaignante, dont le conjoint se trouvait dans la salle.
A la troisième séance, le thérapeute, qui exerce à son domicile, dans le XVIe arrondissement, "dérape" selon elle. Il lui demande de replier les genoux, lui enlève "par surprise" sa culotte et la pénètre digitalement. "Heureusement le téléphone a sonné. J'en ai profité pour me rhabiller. Et là, comme si de rien n'était, il a encaissé ses 120 euros en espèces".
Alors qu'elle le rappelle pour annuler la séance suivante, il lui "fait peur" en lui affirmant qu'elle risque de retomber malade. Et pour vaincre sa résistance lui promet de ne pas lui faire payer la prochaine séance.
- 'Manipulateur né' -
Rien à signaler lors de la quatrième séance: "il fallait me remettre en confiance", poursuit cette femme ancien cadre supérieur, qui décrit la "star" des ostéopathes comme un "manipulateur né", un "pervers accompli" qui ne cesse de "souffler le chaud et le froid". Lors de la cinquième et dernière séance, le praticien monte carrément sur la table et la viole de nouveau, raconte-t-elle.
Comme en première instance, le thérapeute a nié avec véhémence les faits qui lui sont reprochés, affirmant ne pas comprendre "ce qui se passe dans la tête" de ces anciennes patientes, dix-neuf au total, qui se sont retournées contre lui.
Son seul tort, c'est de ne pas avoir mesuré les effets de la "méthode puissante et dangereuse" (la "psychothérapie manuelle du ventre") qu'il a mise au point. Une méthode qui fait de lui, comme l'a dit à la barre son fils, lui-même ostéopathe, un "précurseur". Une méthode, assure le père, dont la recherche scientifique commence seulement aujourd'hui à mesurer la portée.
"Vous arrive-t-il de monter sur la table d'examen?", lui vient en aide son avocat, Me Luc Brossolet, qui veut montrer que ce qui a été pris pour un viol n'est qu'une "man?uvre ostéopathique".
"Très souvent", répond l'intéressé qui mime alors une de ces fameuses man?uvres, à genoux sur un banc du tribunal de Bobigny. Avec, dans le rôle du patient, son propre avocat, en position allongée, genoux remontés.
Condamné à dix ans d'emprisonnement par la cour d'assises de Paris en octobre 2013, le praticien, qui comparaît libre, encourt une peine de 20 ans d'emprisonnement. Verdict le 12 novembre.
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