Accident ou attentat? Le doute restait entier dimanche au lendemain du crash d'un avion de touristes russes dans le désert égyptien du Sinaï, où les recherches se poursuivaient pour retrouver les corps des 224 occupants.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé à attendre les résultats de l'enquête avant d'évoquer les raisons possibles du drame, au lendemain d'une revendication par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui laisse les experts perplexes.
"Dans ce genre de cas, il faut laisser faire les spécialistes et ne pas évoquer les causes de la chute de l'avion car cela fait l'objet d'une vaste enquête techniquement compliquées", a déclaré devant des officiers M. Sissi, cité par l'agence de presse gouvernementale MENA.
Au beau milieu de la province du Nord-Sinaï, dans le wadi al-Zolomat, d'innombrables petits débris noircis de l'avion éparpillés jonchent le sol aride, a constaté un journaliste de l'AFP. Ils dégagent encore une odeur âcre de brûlé plus de 24 heures après le drame.
Aucun corps n'est visible mais une dizaine de sacs noirs, rouge et oranges gardés par des soldats ne laissent aucun doute: des restes des 224 occupants du vol KGL9268 ont été collectés là. Un peu plus loin, une toute petite veste rouge et grise laisse imaginer l'horreur, 17 enfants ayant péri dont une petite fille de 10 mois.
Les autorités égyptiennes avaient annoncé samedi avoir trouvé débris et corps dans un cercle s'étendant sur 8 km de rayon, ce qui, selon des experts, indiquait à priori que l'Airbus A321-200 de la compagnie russe Metrojet n'avait pas touché le sol en un morceau mais s'était disloqué ou avait explosé en vol.
Le rayon a été étendu dimanche à 15 km, a annoncé un officier de l'armée participant aux recherches.
Selon cet officier qui a requis l'anonymat, 163 corps avaient déjà été retrouvés 24 heures après le crash sur les 217 passagers et sept membres d'équipages.
Les occupants étaient tous russes à l'exception de trois Ukrainiens. Pour leur rendre hommage, les drapeaux ont été mis en berne dimanche sur les bâtiments officiels de Russie pour une journée de deuil national décrétée par le président Vladimir Poutine.
L'avion avait décollé samedi à l'aube de la station balnéaire de Charm el-Cheikh à destination de Saint-Pétersbourg. Le contact a été perdu après 23 minutes de vol alors que l'appareil se trouvait à plus de 30.000 pieds, une altitude de croisière (plus de 9.000 m).
- Enquête en Russie -
Les gouvernements égyptien et russe ont contesté la revendication par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en représailles, selon elle, aux bombardements russes en Syrie.
Les insurgés de ce groupe qui se fait appeler Province du Sinaï ont assuré samedi avoir "fait tomber" l'avion russe sans préciser comment. Ils sont très actifs dans le Nord-Sinaï, leur principal bastion où ils commettent quasi-quotidiennement des attentats et attaques très meurtriers visant l'armée et la police.
Dimanche matin, des enquêteurs russes et égyptiens sont arrivés en compagnie du ministre russe des Transports, Maxime Sokolov, sur les lieux du crash, où ont été retrouvées les deux boîtes noires. Parallèlement, une centaine de secouristes russes ont pris la route avec leurs propres équipements.
Une enquête a aussi été ouverte en Russie et les locaux de la compagnie et du tour-opérateur perquisitionnés, tandis que des enquêteurs de France et d'Allemagne sont attendus dimanche en Egypte, une procédure habituelle pour tous les incidents impliquant un Airbus, les deux pays étant les principaux membres du consortium européen qui le construit.
- Le survol du Sinaï en question -
M. Sokolov a rejeté samedi la revendication de l'EI, les Egyptiens "ne disposant d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations". Le Premier ministre égyptien Chérif Ismaïl a également privilégié l'hypothèse d'un accident, estimant qu'un avion à 30.000 pieds ne pouvait être atteint par une roquette ou un missile du type de ceux dont disposent les insurgés.
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